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Par djes le 20 Avril 2012 à 16:39
LE REGNE DRAMATIQUE DE L’IMPUNITE ET DE L’ARBITRAIRE.
Le vent de la déraison attise le feu dans un espace politique transformé en une arène de gladiateurs au sein de laquelle l’argument intellectuel s’efface et se cèle devant la furie de la haine viscérale et tribale que cultivent chaque jour, les tenants d’un pouvoir atteint de démence. Obsédé par sa pérennité, ce pouvoir a installé une impunité au sommet de l’Etat, accentuant au passage le fossé entre couches sociales situées aux antipodes de la pyramide économique.
Les Grecs, inventeurs de la démocratie, ont très tôt compris qu’un peuple ne pouvait vivre en harmonie que s’il existe des lois justes et valables pour tous. La demande sociale, c'est-à-dire l’amélioration du quotidien du peuple doit être garantie. Celle-ci est au-delà des statues et du mausolée de la honte, du grand aéroport militaire d’Ollombo, du barrage d’Imboulou, des routes financées par l’Union Européenne et autres matières inertes dont la manipulation ouvre les portes de la richesse mal acquise aux gestionnaires des chantiers. Mettre en place un système éducatif performant, un réseau sanitaire opérationnel, des denrées de première nécessité de qualité à des prix accessibles et répartir les richesses de manière équitable, donner de l’eau et l’électricité, traquer les malfrats pour les livrer à la justice, respecter les règles de la bonne gouvernance et assurer le développement durable permettent à un chef d’installer sonpays dans les quartiers de la paix sociale et de partir dans la quiétude lorsque vient l’heure du départ.
L’arrestation de Maître Hervé Ambroise Malonga, suivie des tortures, d’un simulacre d’assassinat et même d’un probable empoisonnement ( les nervis à la solde du pouvoir, lui ont fait avaler un liquide inconnu), sont des actes qui par leur cruauté, feraient pâlir de jalousie des dictateurs de triste mémoire comme Amin DADA ou Mobutu. Il s’agit d’un Avocat de premier plan, ancien bâtonnier de Brazzaville, dont la notoriété et les compétences dépassent les frontières. Mais au Congo, où ce régime a banalisé les atteintes aux droits de l’homme, les actes de barbarie et de crimes massifs sont légion, d’autant qu’ils sont couverts par une impunité totale octroyée aux membres du clan. L’énergique Paul Marie MPOUELE a une fois de plus été victime de l’arbitraire, puisque le pouvoir ne communique pas sur les motifs de son arrestation d’il ya quelques jours.
Une série interminable d’actions teintées de laideur morale, est à mettre au compte de ces mêmes sbires du pouvoir, inspirés par la logique d’effronterie. De l’assassinat de Marien NGouabi, jusqu’à la tragédie de Mpila, en passant par la disparition forcée de 353 de nos jeunes compatriotes de retour d’exil, après des garanties données par le vainqueur de la guerre civile himself ; ces tricheurs et assassins de bas étages, sûrs de leur impunité, courent toujours. Tous ces crimes sont rentrés dans la catégorie des chefs d’œuvre, comme nous le rappelle si bien Jean Richepin : « Un crime n'est véritablement un chef- d'oeuvre que si l'auteur reste impuni. D'autre part, l’impunité n'est complète que si la justice condamne un faux coupable ».
Ces individus immoraux écument les rues de Brazzaville, Pointe-Noire, Oyo ou Nkayi, toujours prêts à frapper dès qu’un congolais lambda dénonce leurs turpitudes. Sinon , comment comprendre l’aisance avec laquelle, ils se sont permis d’aller soustraire des Avocats du Commissariat Central , pour les soumettre à des sévices d’un autre âge ? Toutes les enquêtes diligentées par ce pouvoir mafieux, tombent en quenouille. Aucun responsable, aucun coupable donc.
La violence politique actuelle, entretenue par ce pouvoir, a pour but d’inspirer une peur qui jette l’effroi dans le cœur des citoyens. Une peur qui leur ôte la capacité, la possibilité et le courage de se mobiliser pour dénoncer les flagrantes violations de la démocratie. En s’attaquant à Maitre Malonga et à son collègue Maître Hombessa, exhibés avec des menottes au balcon de l’humanité, le pouvoir met en exergue ses muscles, se mettant de facto en porte-à-faux avec les règles élémentaires du droit et de la bienséance. Il ne respecte qu’une seule loi : la sienne. Celle qui fait de Sassou le monarque absolu et des membres de son clan, des jouisseurs insouciants qui tuent et pillent en toute impunité.
Notre pays baigne dans l’impunité totale à tous les niveaux, motivée par un homme qui ne se reconnaît plus en dehors des délices du pouvoir. Cet homme est même prêt à tout et contre tout, pour demeurer au pouvoir ad vitam aeternam. Quand un homme est arrivé à ce stade, enivré par les abondantes recettes pétrolières, il perd complètement la raison, et est donc capable de mettre son pays inconsciemment, dans une insécurité permanente, rien que pour garder le pouvoir, la tragédie du 4 mars 2012 est une suite logique d’un tel état d’esprit.
La violence physique, l’allié de ce pouvoir, remplace celle symbolique dont Pierre Bourdieu nous enseigne qu’elle irradie insidieusement les citoyens en les engluant dans un processus de socialisation et de structuration dont ils sont inconscients. C’est la plus dangereuse des violences, car elle institue un déni de la personnalité et influence subrepticement le citoyen dans son choix. C’est une violence douce, invisible et masquée. Elle est méconnue comme étant une violence, car elle est choisie autant que subie. Les officines de ce pouvoir et leurs communicants se sont basés sur les travaux de Thiakoutine et de Pavlov pour agir, à l’insu du citoyen, sur son choix.Le drame de Mpila aurait dû susciter une véritable levée de boucliers. Qu’a –t-on vu ? La Mairie de Talangaï a été prise d’assaut par les sinistrés, non pas pour demander des comptes à ces irresponsables gouvernants, mais pour la conquête de cette hypothétique indemnité de 3 Millions de FCFA. L’enjeu a été délibérément déplacé et cantonné sur le terrain que le pouvoir gère avec maestria : la corruption. Une fois de plus, ils ont réussi un de ces tours de magie, dont ils ont le secret. Pathétique !
Il est superflu de pérorer sur l’arrestation du Colonel NTsourou, qui est tout, sauf un enfant de cœur. C’est de notoriété publique ; cet officier zélé, porte sur sa conscience la mort de beaucoup de congolais. Il est désormais voué aux gémonies par ce régime qu’il avait servi avec obséquiosité, au point de s’illustrer dans des actes à milles lieues de l’éthique militaire, au service d’un seul homme : Sassou NGuesso.
Sassouest persuadé que la bataille sans merci que se livrent ses proches pour la succession, est à l’origine de cette tragédie sans précédent. C’est pour cette raison qu’il à dû renforcer le cordon sécuritaire par les Angolais et les éléments de Tsambitso. Il n’a donné plein pouvoirs qu’à deux ou trois personnes pour mener une véritable enquête sur les tenants et aboutissants de cette histoire.
Lui, le lecteur assidu de Machiavel (sic) a compris qu’il fallait très vite ériger un contre-feu pour conjurer un imprévu fâcheux, en distillant au sein de la population, à dose homéopathique, la fébrilité qui s’est emparée du pouvoir. Certains membres de sa propre famille sont sous surveillance, ils se regardent désormais en chiens de faïence. En pareilles circonstances, c’est celui qui a plus peur qui attaque le premier. Dans sa stratégie, il a délibérément jeté un véritable imbroglio sur l’enquête jusqu’à ce que les militaires s’entre-bouffent, les uns livrant les informations sur les autres, le temps de retrouver visibilité et fiabilité au sein des services d’espionnage et de sécurité.
Le sort du peuple, comme on le sait, n’a jamais été sa préoccupation ; et pour cause, son pouvoir est l’émanation exclusive de la force des armes. C’est pour cette raison qu’il s’était résolu à reconstituer très rapidement, son stock des armes de destruction massive qu’il venait de perdre. Sans états d’âme, des ordres avaient été donnés de faire disparaître des corps pour maintenir le nombre officiel de victimes autour de 250, alors que tout laisse penser que le nombre de 1000 victimes a été largement dépassé. L’argent et les campagnes médiatisées d’aide, pensent-ils, suffiraient pour calmer un peuple intentionnellement appauvri. Du cynisme à l’état pur.
La nuit a trop duré, le jour doit se lever pour chasser le voile noir qui couvre notre pays et installer un souffle nouveau. Le système actuel a fait son temps. Par sa rigidité, il est illusoire de l’améliorer sans heurter les intérêts du clan des prédateurs.Se cantonner à son embellissement, s’apparenterait à appliquer un cautère sur une jambe de bois. L’enjeu principal des congolais s’impose comme le nez sur la figure. Des institutions fortes susceptibles de supporter les deux piliers d’un Etat de droit à savoir, la démocratie et la République. Seule une réelle volonté populaire, brisant tout sur son passage, installerait des institutions capables de protéger le citoyen congolais lambda contre l’impunité et l’arbitraire qui font depuis belle lurette rage chez nous. La place du Congo au concert des nations est à ce prix.
Djess dia Moungouansi « la plume indépendante au service du peuple »
Vice- Président du CERCLE LA RUPTURE
Le blog de Djesshttp://demainlecongo.kazeo.com
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Par djes le 29 Juin 2011 à 16:08
MONDIALISATION: QUAND LE FMI FABRIQUE LA MISERE
Cette serie de vidéo vous edifie sur le côté nefaste des agissements du FMI sur des économies dèja fragilisées par la gestion calamiteuise de leurs dirigeants respectifs
REGARDEZ
MONDIALISATION: QUAND LE FMI FABRIQUE LA MISERE 1/5
MONDIALISATION: QUAND LE FMI FABRIQUE LA MISERE 2/5
MONDIALISATION: QUAND LE FMI FABRIQUE LA MISERE 3/5
MONDIALISATION: QUAND LE FMI FABRIQUE LA MISERE 4/5
MONDIALISATION: QUAND LE FMI FABRIQUE LA MISERE 5/5
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Par djes le 27 Mai 2011 à 11:49
Pourquoi l’effet domino maghrébin tarde-t-il à éclabousser le Congo ?
Entendons-nous d’emblée : l’onde de choc maghrébin dévalera inévitablement le désert sahélien, et viendra tôt ou tard s’échouer dans la forêt équatoriale qui cache encore sous ses immenses branchages ; des dictatures inamovibles, moyenâgeuses. C’est que, face à l’exaspération du peuple, qui subit dans sa chair, les affres imposées par le satrape d’Oyo, on se demande pourquoi jusqu’alors, la légendaire fureur du vaillant peuple congolais n’en a pas fait d’une bouchée de ce régime rétrograde ?
En outre de ratiociner, beaucoup d’analystes politiques se perdent en conjectures quant aux exégèses à donner sur les mouvements d’exaspération sociale du Maghreb. C’est le temps du Maghreb. Dans une certaine mesure, l’Afrique francophone avait déjà connu sa révolution à la suite de la chute du mur de Berlin en 1989 et du discours de François Mitterrand de la Baule de 1990. Ces bouleversements avaient atteint son paroxysme avec la tenue des CNS dans certains pays, et s’étaient soldés soit par un changement radical avec enracinement des valeurs démocratiques ( alternance démocratique, élections transparentes etc.. cas du Bénin et du Mali), soit par un véritable échec ( retour de la dictature- cas du Congo). On s’en souvient.
Contrairement aux pays d’Afrique subsaharienne, pour la plupart englués dans la nébuleuse Françafrique, les pays du Maghreb ont leur propre histoire, leur propre contexte politique, économique et social. Et gèrent de ce fait la crise à leur manière.
Les évènements de la Tunisie- hypocentre de ce séisme social- ont pris tout le monde par surprise, y compris les Tunisiens eux-mêmes, étonnés de leur propre audace, de leur propre capacité à renverser un dictateur en place depuis plus de deux décennies. En réalité, ce régime schizophrénique contenait en son sein des subtiles fragilités. La relative bonne gestion économique avec une croissance régulière et une scolarisation exemplaire pour cette région du monde, étaient paradoxalement l’œuvred’un régime policier et totalement corrompu ou le clan Ben Ali possédait toutes les richesses du pays.
Les mêmes causes se retrouvent au Congo. En pire. Les Trabelsi en ont rêvé, les Sassou & Nguesso l’ont fait ! Tous les secteurs essentiels de l’économie sont en coupe réglée. Du secteur pétrolier (aval, sécurité, gestion etc..), en passant par les transports aériens, jusqu’à l’exploitation forestière ou l’audiovisuel, aucun secteur n’échappe au clan Sassou, comme si leur slogan était devenu : «nous pillons, non pour vivre, mais pour empêcher la grande masse de vivre !».
Les similitudes s’arrêtent là. La jeunesse tunisienne, largement scolarisée, manie l’outil informatique comme leur langue maternelle, il a été le vecteur essentiel dans la mobilisation des acteurs anonymes et dans cristallisation de leurs revendications. La vulgarisation de l’outil informatique au Congo reste encore au stade d’utopie. Seuls près de 0.2% des Congolais ont accès à Internet alors que la Tunisie a obtenu le prix du meilleur utilisateur d’Internet en Afrique avec 38 % de taux de pénétration (1). De même, la jeunesse congolaise, qui fit à l’origine des premières contestations qui avaient fragilisé l’autorité du pouvoir du parti unique dans les années 80, subit actuellement la stratégie des autorités, fondée sur la déstructuration délibérée du tissu éducatif, dans le but d’abrutir le citoyen pour qu’il n’ait plus les moyens intellectuels appropriés afin de mettre en lumière leur incompétence par une analyse des résultats des politiques engagées.
Le démantèlement de l’Université de Brazzaville n’a jamais obéi à des contingences financières imposées par les Institutions Financières Internationales, il répond à des considérations d’ordre stratégique : anéantir ce pôle de contestation par excellence. La déscolarisation avancée du Pool n’est pas fortuite, elle procède d’une réelle volonté du pouvoir d’anéantir toute velléité contestataire, dont cette région a le secret, en privant les futures générations d’un accès à la connaissance.
C’est de notoriété publique. La crise tunisienne puise sa source dans l’étouffement des libertés. Certes. Mais il me semble que la cause fondamentale qui transparaît, est le pillage des ressources nationales par une minorité déshumanisée. Dans la masse spoliée, émerge la jeunesse, qui crie son manque désespérant d’emploi, donc d’avenir. L’aspect central de cette quête chez les jeunes, vient d’apparaître éloquemment en Tunisie. Cette jeunesse délaissant la liberté si chèrement acquise, vient de se jeter à corps perdus dans les eaux de la Méditerranée, en direction de la si inhospitalière Europe, à la recherche d’emploi.
Toute proportion gardée, l’œuvre d’Alexis de Tocqueville -ce brillant penseur politique français du XIXe- nous permet de comprendre la dimension de la torpeur dans laquelle est plongée notre jeunesse. Il avait en effet observé qu’une société se battait d’autant plus contre l’autorité que le niveau de satisfaction des besoins y était élevé. En d’autres termes, les revendications se font plus agressives qu’elles ont déjà été largement couronné de succès, et surtout l’espérance de conquérir des avantages toujours supérieurs ne paraît pas illusoire, ce qui suppose un acquis substantiel de prospérité et de liberté.
Donc, le préjugé répandu selon lequel un détenteur de pouvoir devrait déguerpir sous prétexte que ses sujets sont mécontents, meurent de faim ou de maladies, est une élucubration fantasque dont l’histoire humaine atteste de la triste rareté. La capacité de survie d’un système dictatorial ne dépend donc pas de son aptitude à satisfaire les besoins de ses membres, mais peut on être tenté de dire, de l’intensité du mépris à l’égard de son peuple. Un système devient d’autant plus périssable qu’il résout davantage de problèmes, et sa longévité d’autant plus assurée qu’il en résout moins. Le Colonel KADHAFI en sait quelque chose. Ce dictateur qui a réussi l’exploit de fertiliser le désert, de loger les jeunes diplômés, et même d’avoir mis un terme à une monarchie dont l’occident se servait pour piller les richesses de laLibye à moindre frais, est aujourd’hui traqué comme un malpropre .
Fort de cette réalité, le pouvoir de Brazzaville a donné des consignes clairs à ses sbires en lâchant du lest au niveau des services de douane par exemple. Moins de tracasseries. Ne donner aucun prétexte à un éventuel Mohamed BOUAZIZI congolais. Ils redoutent quelque chose de rapide et d’implacable. Comme en Juillet 2008 lors des obsèques de J.P Tchystère Tchikaya, le vent qui emportera ce régime ne viendra pas des partis- marionnettes du pouvoir. Mais par la rue, dont le réveil a toujours été cruel.
Aucun pays n’est vacciné contre un soulèvement populaire, surtout si les gouvernants foulent aux pieds toute règle de bonne gouvernance, notamment les libertés fondamentales, et prive ses populations de moyens pour une vie décente. Les arcanes de l’histoire sont jonchés d’innombrables dictatures, même les plus féroces ont été finalement vaincues par la volonté populaire. A cet effet, aucune Armée ne peut garantir à un dictateur quel qu’il soit, de ne pas subir le sort inéluctable qui est réservé à eux tous, un jour prochain. A bon entendeur salut !
(1) Internet World Stats
Djess dia Moungouansi : « La plume libre au service du peuple »
Membre du Cercle de Réflexion « LA RUPTURE »
Le Blog de Djess
http://demainlecongo.kazeo.com/
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