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Par djes le 12 Avril 2007 à 21:00
La pauvreté : un défi occulté
La réduction de la pauvreté au Congo : un défi occulté par les chantres de la " Nouvelle Espérance " <?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p></o:p>
Il y a de quoi être pantois face à létat dexpectative dans lequel se trouvent les chantres de la " Nouvelle Espérance " devant les défis du 3ème millénaire parmi lequel figure en bonne place, la réduction de la pauvreté.
En dépit dune explosion inespérée des recettes pétrolières ces cinq dernières années, une pauvreté tenace, agressive et, presque structurelle sest obstinément installée sur toute létendue du territoire national au point que 75 % de la population congolaise vit désormais dans une extrême pauvreté.
Le Congo aligne sans effort des taux de croissance du PIB que nous envient les économies industrialisées. Ces taux de croissance anormalement élevés, génèrent une certaine atonie, tant les Congolais se bercent dans lillusion statistique. Les dirigeants congolais se sont toujours leurrés par des taux de croissance du PIB de 5, 6 voire 8%, mais ils ont naïvement ignoré la chose essentielle : ces taux de croissance résultent davantage de la valorisation de la rente pétrolière que dune dynamique de lappareil productif.
En réalité, la richesse générée par 10% de taux de croissance au Mozambique nest plus entraînée que par 0.08% de croissance en Corée du Sud et 0.008% au Japon. Cest pourquoi, il convient de toujours tempérer leuphorie née dune progression annuelle du produit intérieur brut.
Les effets positifs induits par la croissance dun PIB sur léconomie dun pays, dépendent non seulement de sa structure, mais également des relais sur le terrain. Notre pays qui a sombré dans les facilités dune économie de rente, avec 90% des recettes dexportation et 75% des recettes fiscales provenant des hydrocarbures, a du mal à tirer son épingle du jeu. Et pour longtemps, le défi le plus redoutable que la communauté bancaire et les pouvoirs publics congolais devront relever reste indubitablement, la réduction de la pauvreté.
Que peuvent le système bancaire et lingéniosité légendaire congolaise, là où programmes dajustements structurels, dévaluation, et autres reformes macro-économiques introduites et la flexibilité quelles entraînent, ont certainement permis au Congo de renouer avec la croissance mystificatrice, sans véritablement faire reculer la pauvreté ?
Disons-le avec force : il est illusoire de sattendre à brève échéance au développement dun pays en plongeant délibérément sa population dans une pauvreté absolue. Des dynamiques endogènes, indispensables pour un maintien durable de la croissance, doivent être recherchées à lintérieur du pays. A linstar de beaucoup de pays asiatiques, des actions visant à développer le marché domestique doivent être menées en concomitance avec laugmentation de linvestissement et de la productivité. Un pays comme <?xml:namespace prefix = st1 ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:smarttags" /><st1:PersonName w:st="on" ProductID="la France">la France</st1:PersonName> compte énormément sur son marché domestique qui absorbe 75% de sa production.
Dans la perspective dune dynamisation de son marché domestique, la banque congolaise doit en finir avec lexclusion financière. Du fait de la fonction centrale qui lui est impartie, le système bancaire a une responsabilité qui ne devrait pas se limiter à la création de valeurs pour ses actionnaires. Il doit participer en première ligne au développement de léconomie et au progrès de la société. La plupart des Congolais sont purement et simplement exclus du système bancaire, car, ne disposant pas dun compte en banque, de moyens de paiement ni daccès au crédit.
Cette exclusion sest accentuée depuis lassainissement du paysage bancaire en Afrique francophone en 1991. Depuis lors, les objectifs de rentabilité sont au centre des préoccupations des banques, elles accordent une forte préférence pour le financement du cycle dexploitation de lentreprise, en rechignant à financer le haut du bilan.
La nouvelle orientation des banques les contraint à octroyer plus de crédits à court terme pour les activités de commerce et de services au détriment du financement des petites et moyennes entreprises qui sont tout bonnement évincées.
En excluant ainsi beaucoup de Congolais de la sphère marchande, on stérilise ce faisant, un potentiel considérable dinitiatives, de production et de consommation.
Pour pallier à un tel état de fait, aux Etats-Unis par exemple, le Community Reinvestment Act a conduit les banques commerciales à se réimplanter avec des résultats positifs, dans des régions ou des quartiers en difficulté.
Au Canada, les Caisses Desjardins ont commercialisé avec succès une offre de produits adaptée à une clientèle très modeste, délaissée par de grands réseaux bancaires. Cette démarche offre les avantages suivants : outre la suppression dun système financier à deux vitesses, il renforce la cohésion sociale. Tous les acteurs sont placés sur un pied dégalité pas de distorsion de concurrence et peuvent tirer parti dun élargissement de clientèles solvables.
Par ailleurs, une kyrielle de mesures, associant des réseaux bancaires, les acteurs publics nationaux et locaux, les responsables associatifs doivent être entreprises afin dassouplir le système bancaire. A terme, ce système jouerait sa fonction essentielle dallocation du capital aux besoins de la société, tout en redynamisant le marché domestique. Ces mesures doivent être menées sur les bases suivantes :
encourager la mise ne place dun certain nombre de réseaux dappui aux nouveaux entrepreneurs (exemple : Association des jeunes artisans, Associations des réparateurs de vélo etc..);
mise ne place dun service bancaire accessible à tous à un coût très modique. On pourrait par exemple installer un fonds national de solidarité, géré par la profession bancaire et alimenté par exemple par une taxe insignifiante sur chaque transaction par chèque ou par carte bancaire. Ce qui permettrait den mutualiser en partie le coût et le risque;
extension des systèmes de garantie publics ou mutualistes, ce qui permettrait de sécuriser les prêteurs et les investisseurs;
au niveau des régions et des agglomérations par exemple, en contre partie dune aide publique (gratuité de loyer ou exonération de taxe professionnelle), on peut opter pour des engagements contractuels négociés, afin de douvrir des guichets bancaires et/ou de prêts à des activités économiques dans les territoires en difficulté...
une meilleure association public- privé permettrait de traiter efficacement les difficultés des personnes ou dentreprises en situation fragile.
En appliquant ces principes simples au sein de nos deux banques centrales africaines de <st1:PersonName w:st="on" ProductID="la Zone Franc">la Zone Franc</st1:PersonName> (BEAC et UEMOA) par exemple, on arrivera au niveau du Congo à lémergence dun véritable « citoyen- consommateur congolais ».
Si tous les acteurs privés, mutualistes ou publics assuraient et reconnaissaient cet engagement sociétal, cela redonnerait incontestablement à lindustrie bancaire congolaise toute sa légitimité et sa noblesse aux yeux de tous les congolais.
En dehors de laction bancaire, un certain nombre dactions doivent être entreprises pour injecter la masse monétaire et augmenter la demande intérieure :
Développer les établissements de capital-risque qui apportent aux entreprises des compléments nécessaires de fonds;
Au Sénégal par exemple, <st1:PersonName w:st="on" ProductID="la CBAO">la CBAO</st1:PersonName> a acquis depuis 1994, une société de capital-risque et une société de crédit-bail, ce qui a facilité laccès des PME au crédit bancaire.
Cependant, la principale innovation qui procède manifestement dune grande ingéniosité est le micro- crédit : cest un véritable projet dactivités générateurs de revenus. Une bonne leçon nous a été donnée par le prix Nobel de la paix, le Bangladais Muhammad Yunus qui en fondant <st1:PersonName w:st="on" ProductID="la Grameen">la Grameen</st1:PersonName> bank « la banque des pauvres » est en train de repousser chaque jour les limites de la pauvreté au Bengladesh qui est parmi les pays les plus pauvres de la planète.
Une fibre patriotique par exemple suffirait à Dénis Ngokana, spécialiste de son Etat dans la création des sociétés écrans spécialisées dans les détournements des recettes pétrolières, de mettre en place des structures vouées à la redistribution du pouvoir dachat à un grand nombre dinvestisseurs potentiels. Non, le sieur Ngokana est préoccupé par la « privatisation » des centaines de millions de dollars de revenus pétroliers.
Pourtant, les ASF (Associations de Services Financiers) qui ne sont quune version modernisée des tontines gérées et financées par les paysans eux-mêmes, ont la particularité dêtre moins touchées par linsolvabilité. Partout où elles ont été mises en place, les taux de recouvrement ont atteint les 98% avec une marge bénéficiaire de 20%.
La généralisation de ces formes de financements permettrait non seulement de soustraire une frange importante de la population de lassistanat pur, mais aussi les transformerait automatiquement en consommateurs à part entière. Lon sait par ailleurs quau Congo, les femmes sont souvent exclues de la possibilité daccéder au crédit, ce système donne la chance à tout le monde.
En définitive, en étendant ce formidable instrument de réduction de pauvreté dans les zones urbaines, on a toutes les chances de transformer raisonnablement ce cercle vicieux de la pauvreté dans lequel la " Nouvelle Espérance " entraîne notre pays, en un cercle vertueux de la solidarité, du progrès, seul gage pour la construction dune société plus juste. Encore faudrait-il que Sassou et son clan de prédateurs, qui ont à leur disposition les leviers économiques essentiels de notre pays le veuillent.
Djess dia Moungouansi <o:p></o:p><o:p> </o:p>
Cet article a déjà été publié sur les sites suivants :
http://www.mwinda.org/article/djess3.html
http://congoechos.canalblog.com/archives/2007/01/10/3652692.html
http://www.congoplus.info/tout_larticle.php?id_article=2101
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