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Congo-Brazzaville : les secrets d'une pérennité dictatoriale
<o:smarttagtype namespaceuri="urn:schemas-microsoft-com:office:smarttags" name="metricconverter"></o:smarttagtype><xml><w:worddocument><w:punctuationkerning><w:validateagainstschemas><w:compatibility><w:breakwrappedtables><w:snaptogridincell> </w:snaptogridincell></w:breakwrappedtables></w:compatibility></w:validateagainstschemas></w:punctuationkerning></w:worddocument></xml> <xml><w:worddocument><w:punctuationkerning><w:validateagainstschemas><w:compatibility><w:breakwrappedtables><w:snaptogridincell> </w:snaptogridincell></w:breakwrappedtables></w:compatibility></w:validateagainstschemas></w:punctuationkerning></w:worddocument></xml><xml><w:worddocument><w:punctuationkerning><w:validateagainstschemas><w:compatibility><w:breakwrappedtables><w:snaptogridincell>Congo Brazzaville : les secrets dune pérennité dictatoriale.<o:p></o:p>
Dans un récent article, Brice Nzamba et Gertrude Malalou-Koumba ont tracé, non sans talent, le portrait psychologique de Sassou Nguesso(1). En poursuivant la réflexion dans la même direction, je vais mappliquer à mettre en lumière les raisons de la pérennité dun système qui, à défaut dêtre au service des congolais, crée de façon délibérée, des disparités abyssales entre ceux qui accèdent par affinité et non par le mérite à la caste de nouveaux riches ; et ceux qui senfoncent chaque jour dans lindigence absolue. Ce labeur est dautant plus impérieux qu en dépit de toute vraisemblance, et si on ny prend garde, cet odieux système aura encore de beaux jours devant nous.<o:p></o:p>
Quelles sont les raisons réelles de notre passivité face à cette réalité insoutenable ? Est- elle inévitable ? Cache-t-elle un calcul politique ou une absence danalyse politique ? Est-ce une résignation à la domination de lempire de Mpila ? Ou une attente pour mieux contre-attaquer ? Que devrions-nous faire idéalement et que pouvons nous encore faire réellement ?
Pour répondre à cette kyrielle de questions, jai opté pour une démarche qui emprunte tout autant à lobservation quà la réflexion pure.
Au hasard, deux exemples de dictatures qui nous édifient non seulement sur la nocivité de ces systèmes, mais encore nous donnent une idée sur leur capacité à se pérenniser.
Plus proche de nous; celle de Mobutu dont les 32 ans ont apporté la déliquescence que nous connaissons. Cette dictature a eu le temps nécessaire pour mettre lex-Zaïre en miette.
Plus emblématique; celle de Fidel Castro de Cuba qui a défié toutes les lois de la dialectique et sest adaptée allègrement à tous les bouleversements internationaux.
Au Congo-Brazzaville, depuis le retour de Sassou aux affaires, il ne sest attelé quà échafauder des stratégies relatives à la conservation du pouvoir, renvoyant ipso-facto les principales préoccupations des congolais aux calendes grecques. Une constitution taillée sur mesure, consacrant une dictature constitutionnelle, un parlement croupion, un affermissement des relations par des accords de non agression avec le syndicat des dictateurs dAfrique Centrale et dailleurs (Bongo Fils, Deby, Dos Santos, Bozizé). Plus grave encore et cela se voit chaque jour : laccaparement des recettes pétrolières, la principale richesse du pays, exclusivement gérée par des personnes issues dune même ethnie, la sienne. Le pays senrichit, le peuple sappauvrit.<o:p></o:p>Quest- il donc arrivé au peuple congolais pour que nulle clameur ne vienne reprouver ces agissements rétrogrades ? <o:p></o:p>
Luvre dAlexis de Tocqueville nous permet de jeter un regard approfondi sur les turpitudes du clan de Mpila. Ce brillant penseur politique français du XIXe siècle avait en effet observé quune société se battait dautant plus contre lautorité que le niveau de satisfaction des besoins y était élevé. En dautres termes, les revendications se font plus agressives quelles ont déjà été largement couronné de succès, et surtout lespérance de conquérir des avantages toujours supérieurs ne paraît pas illusoire, ce qui suppose un acquis substantiel de prospérité et de liberté. <o:p></o:p>Pourquoi formuler des revendications face à un régime autiste, qui lors de lélection présidentielle du 12 juillet <st1:metricconverter productid="2009, a" w:st="on">2009, a</st1:metricconverter> sans honte présenté des curieuses listes électorales dans lesquelles, certaines circonscriptions avaient plus délecteurs que dhabitants ; qui na jamais cédé à la principale exigence de lopposition qui demandait, comme partout ailleurs, la mise en place dune commission électorale indépendante ? Pire encore, alors que les urnes étaient désespérément désertes le jour du vote, ce pouvoir a eu loutrecuidance de proclamer des chiffres faux, sans contradicteurs! <o:p></o:p>
La diaspora congolaise en France en fait les frais : malgré les canaux de communication modernes dont elle dispose, le nombre de participants aux marches de protestations dans les rues de Paris, réduit à la portion congrue, ne peut même plus remplir une cabine téléphonique. Jadis sous Lissouba, des nuées de manifestants rivalisaient de stratégies pour faire reculer le pouvoir pour une petite interprétation dun article de la constitution congolaise.
Donc, le préjugé répandu selon lequel un détenteur de pouvoir devrait déguerpir sous prétexte que ses sujets sont mécontents, meurent de faim ou de maladies, est une élucubration fantasque dont lhistoire humaine atteste de la triste rareté. La capacité de survie dun système dictatorial ne dépend donc pas de son aptitude à satisfaire les besoins de ses membres, mais peut on être tenté de dire, de lintensité du mépris à légard de son peuple. Un système devient dautant plus périssable quil résout davantage de problèmes, et sa longévité dautant plus assurée quil en résout moins.<o:p></o:p>Lidée selon laquelle un système rétrograde comme celui de Sassou devrait seffondrer et faire place à un autre plus viable, parce quil est incapable de faire vivre dignement ses compatriotes, ne peut venir que dun démocrate. En raisonnant de la sorte, on prête à tort au régime totalitaire les principes régulateurs et lunivers mental du système démocratique. Une fois de plus, cest une erreur que de prêter une logique démocratique à un système totalitaire. Sassou na rien dun démocrate, il est urgent de sen rappeler !! Il na quune passion : lui-même, et une religion : le pouvoir.<o:p></o:p>
Selon Tocqueville, ce nest pas la stagnation ni la régression qui engendrent les révoltes, cest le progrès, parce quil a engendré tout dabord les biens grâce auxquels les révoltes ne sont pas vaines.
Cette « loi » tocquevillienne nous permet de comprendre la déconcertante aisance avec laquelle lopposition, dirigée par Sassou en 1997, avait exigé et obtenu du régime Lissouba la mise en place dune Commission Nationale Indépendante. Subséquemment, on comprend que lon ne veuille pas céder aux autres, ce que lon a soi-même obtenu facilement par le passé. Plus légalité se renforce, plus les revendications dégalité sexacerbent. Sous Lissouba donc, bien que le décollage économique fut encore hésitant, leuphorie du contexte démocratique naissant paralysait à des degrés divers certains secteurs de léconomie par des revendications toujours plus grandes.
Pendant cette mandature, linterprétation de certains articles de la constitution de Mars 1992 par les uns et les autres, avait donné lieu à des échauffourées qui risquaient de mettre, à tout moment en péril, les fondements de cette démocratie. Or, il est un truisme que, de façon permanente et flagrante, Sassou violait sa propre constitution, notamment quand il avait crée ex-nihilo, un poste de Premier Ministre. Personne ne sen émeut, outre mesure.
Comme toutes les dictatures, celle de Sassou a ceci de paradoxal : elle est la négation absolue de la démocratie, mais parvient à se présenter comme son perfectionnement. Quand léconomie va mal, la démocratie réduit sous la pression des représentants du peuple, les dépenses de prestige et les dépenses militaires, une dictature les augmente. La construction du mausolée de la honte à plus de 10 milliards de Fcfa ou lassouvissement de ses ambitions mégalomanes en construisant laéroport militaire dOllombo sont des réalisations qui ne visent que lembellissement de limage de Sassou, au mépris des principes élémentaires de lorthodoxie financière.
Le Congo na jamais été aussi riche, avec des recettes pétrolières qui ont littéralement explosé au point de défier les prévisions les plus optimistes. Et pourtant, lexistence des congolais est devenue chaque jour plus aléatoire : lélectricité, leau potable, la santé sont des denrées rares et une misère sans précédent sinstalle avec entêtement. Le clan au pouvoir nargue ce peuple désarmé qui ne sait plus à quel saint se vouer. La prolifération des Eglises dites de réveil, encouragée à dessein par le pouvoir pour anesthésier le peuple, et la consommation exagérée dalcool, nassurent plus leur rôle de soupapes de sécurité. Il ne nous reste plus quà constater les dégâts.<o:p></o:p>On a vu les dégâts causés dans la mémoire collective des congolais, le bombardement de Bacongo par le régime Lissouba, un acte grave certes, mais insignifiant à comparer au nettoyage ethnique opéré par les services de Sassou en Décembre 1998 à Bacongo et Makélékélé ou la disparition de 353 congolais au Beach de Brazzaville en une seule après-midi. Aucune image, donc pas dincidence dans lopinion. Les révélations rétrospectives, nont que peu de valeur pratique. Le choc émotionnel, lindignation, lhorreur causés par une atrocité ne seront jamais les mêmes selon quon apprend les évènements à chaud et « en direct », ou après coup et « en différé ». Aucune démocratie, même la plus vertueuse naurait survécue après une telle barbarie. Les stratèges de Mpila, grassement payés aux frais du contribuable congolais, ont inventé la parade de renvoi dos à dos. On assiste alors à une obsession binaire, une symétrie des apocalypses, la manie du couplage, légalitarisme sourcilleux, qui veillent à ce que les deux plateaux de la balance se répondent dans un équilibre de lhorreur.
Quand tout le monde est coupable, en effet, plus personne ne lest ; sauf le régime démocratique, puisquil na pas les mêmes excuses à faire valoir que son rival, ne se souciant pas, comme lui, de bâtir une société plus juste.
Les séances de lavement de mains ou dautres rites absolutoires, sont des procédés dont la fonction est de relativiser le mal, c'est-à-dire, en fin de compte de lexcuser.
Le peuple congolais désabusé, nattend plus rien de ce régime ; un régime quil na jamais véritablement porté au pouvoir, un régime équipé pour le mensonge, la dissimulation, lintimidation. On ne peut tenir tête à un tel régime quavec les mêmes armes, et les démocrates nen ont pas. Il va falloir les inventer. En simposant au peuple congolais par les armes, Sassou avait de facto refusé de signer ce contrat social qui doit lier un Président démocratiquement élu à son peuple. Lamélioration des conditions de vie du peuple, donne de la noblesse à laction dun homme politique ayant reçu un mandat à travers des élections libres et transparentes. Mais comment Sassou pourrait-il violer un contrat social quil na jamais signé ?
Quelles solutions alors ? Le prolongement de la tendance actuelle, confirmera la progression de la dictature de Sassou dont les faiblesses et les échecs internes ne suffiront pas, lexpérience la prouvé, à faire cesser la marche en avant. En tout cas, les dispositions démocratiques dont on nous tympanise régulièrement, ne nous ne tireront jamais de ce mauvais pas. Elles nont simplement pas cours dans une dictature. Comme pour un bon diagnostic, on peut désormais envisager une bonne posologie susceptible de mettre à mal ce kyste qui ronge notre pays. Les formes de lutte jusque là tirées du carquois des démocrates ont fait leur temps, il nous revient d'en en inventer plus appropriées.
<o:p></o:p>(1) Sassou Nguesso : Profil psychologique / Zenga-Mambu.com du 15/01/2010
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Djess dia Moungouansi<o:p></o:p>Le blog de Djess<o:p></o:p>
http://demainlecongo.oldiblog.com<o:p></o:p>
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