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    Le serpent qui se mord la queue

     

    Le Parlement congolais est depuis un moment secoué par le tragi-comique. Outre les élections frauduleuses de juin 2007 qui ont connu de nombreuses contestations, balayées d’un revers de la main par Cour du refus (alias Cour constitutionnelle du sieur Gérard Bitsindou, dont les Congolais se demandent toujours quelles sont les compétences en droit, surtout en droit constitutionnel…), notre trop cher Parlement a vu mourir Ambroise Edouard Noumazalaye (officiellement né en 1933, mort en 2007), président du Sénat. Il a vu partir Jean-Pierre Thystère-Tchicaya (1936-2008) député et ancien président de la chambre basse (2002-2007) André Ntsatouabantou Milongo (1935-2007), ancien président de l’Assemblée nationale (1993-1997) et réélu député en 2002 est aussi passé de vie à trépas. Simon-Pierre Ngouonimba-Nczary (1942-2008), ancien sénateur et membre de la Cour du refus s’en est allé entre temps aussi.

    Tous ces hommes ont eu de leur vivant et après la mort les honneurs de la patrie, avec tout ce que ça implique !

    Grand bien leur fasse !

    Que de pertes pour le Parlement !

    Quelle indifférence pour le gros de la population congolaise qui ne croit plus en ses déshonorables et invénérables depuis les déceptions des lendemains de la Conférence nationale souveraine de 1991 qui ne cessent de déchanter, seconde après seconde.

    Pendant que le gros de la population congolaise croule sous les 10001 problèmes de son quotidien, dont particulièrement des chaleurs excessives (eh ! oui, les écolos de tout bord ne sont pas tous de joyeux drilles : le réchauffement climatique est bel et bien là) et des délestages à n’en plus finir dans un pays paradoxalement super doté par la nature en ressources et potentialités hydriques et hydrauliques, on a appris le départ au royaume des allongés d’un certain Daniel Péa, dans le quartier Petit chose, arrondissement 6 Talangaï, au Nord de la capitale, M’foa. Un véritable tintamarre a suivi la mort de cet homme ainsi que de son fils, mort calciné comme lui dans leur maison qui a pris feu la nuit du samedi 15 novembre 2008. Les circonstances exactes de l’apparition de ce feu sont encore floues. Les bruits les plus fous comme les moins crédibles courent, au sein d’une population ou la rumeur tient lieu d’information quasi officielle depuis des lustres :

    • Feu mystique ;
    • Feu du à une bougie ;
    • Problème de groupe électrogène ;
    • … .

    Bref ! on passe par toutes les sauces pour le moment pour essayer d’expliquer ce qui paraît inexplicable. Faisons confiance quand même à la brillante et vaillante police congolaise pour nous donner le fin mot de cette histoire. En effet, je leur fais confiance car le disparu n’était pas n’importe qui ! Eh, oui ! c’était un grand-quelqu’un, ce Daniel Péa. Si on en parle tant, ce n’est pas du au hasard, et je pourrais même oser un jeu de mots macabres : il n’y a pas de fumée sans feu, isn’t ? Des Congolais qui meurent à cause des délestages – sport préféré de la dynamique SNE – on en compte pourtant depuis un moment. Qui a oublié ce que l’agence de presse Pana écrivait le 02 janvier 2006 ? « Fatiguées par plusieurs heures de travail en raison des fêtes de fin d'année, les cinq employées du salon de coiffure avaient jugé bon d'y passer la nuit de samedi à dimanche.  Surprises par une coupure d'électricité en pleine nuit, elles allumèrent le petit groupe électrogène de 1 KVA de fabrication chinoise avant de se coucher, mais, souligne la radio, elles avaient commis l'erreur fatale de fermer toutes les ouvertures du petit salon. C'est le matin qu'elles ont été retrouvées toutes mortes allongées sur le lit » Ces pauvres filles n’étaient pas députées comme Daniel Péa. Elles n’avaient pas de papa ou de maman dans le pouvoir, au pouvoir, ou encore au bord du pouvoir. Non, c’étaient de pauvres hères qui gagnaient difficilement et honnêtement leurs vies – on connaît les paies des coiffeuses au pays, ce n’est pas le Pérou. Pourtant, on pourrait aussi les considérer comme des héroïnes, non ? Car vivre au Congo comme elles vivaient, cela relève de l’exploit, tout simplement. Du miracle. Dans un pays où il y a autant d’églises qu’il y a de rues et ruelles, cela se comprend.

    Le député Daniel Péa s’en est allé. Certaines traditions africaines ont horreur qu’on tape sur les morts. Au Congo, il est même souvent recommandé d’attendre que 40 jours passent avant d’exerce le moindre droit d’inventaire, dans ce genre de circonstances. Certes, je le comprends et j’avoue que moi-même, je le pratique souvent. Mais jusques à quand allons-nous nous taire et accepter l’inacceptable ? A encourage la bêtise par nos silences en se cachant derrières certaines traditions surannées, absconses ? C’est la fuite en avant saupoudré à des solutions de facilité qui ne cessent de nous enfoncer chaque jour dans les bas-fonds que nous creusons souvent collectivement. Bon gré, mal gré ! En effet, encore une fois, je parlerai de feu (décidément ! ce mot…) mon professeur de philosophie en classe de seconde, M. Banga. Un esprit brillant qui m’aura marqué à vie. Lors d’un cours sur la dialectique il nous fit une démonstration qui devrait faire réfléchir plus d’un Congolais et plus d’un Africain.

    Il y avait un Monsieur qui faisait construire sa maison par des ouvriers qu’il devait payer le long des travaux. La maison terminée, notre bon Monsieur prit possession de la maison, lui et sa famille. Hélas ! par un jour de grand vent, une grosse pierre tomba du toit et se fracassa sur le crâne d’un fils de notre bon Monsieur. Je passe sur le drame. Notre bon Monsieur alla s’en prendre à son ouvrier, devant témoins :

    Pourquoi as-tu mis cette pierre sur mon toit ?

    Parce qu’il n’y avait pas assez d’argent pour acheter des clous et en mettre, c’est de votre faute.

    Et la famille de s’en prendre à son tour à notre bon Monsieur :

    Pourquoi n’as-tu pas donné assez d’argent à l’ouvrier ?

    Parce que je suis pauvre.

    Pourquoi es-tu pauvre ?

    C’est la faute de mon père. Il ne m’a pas permis de faire des études pour avoir un emploi très bien rétribué.

    Le peuple se déplaça alors chez le père de notre bon Monsieur :

    Pourquoi n’as-tu pas donné les moyens à ton fils afin qu’il fasse ce qu’il faudrait, et bla bla bla ?

    Personne dans la foule n’ayant l’adresse de Dieu, ni son téléphone, ni même son fax, le débat prit fin.

    J’invite les congolais, après avoir enterré et pleuré leur frère, ami, père, fils Daniel Péa à se poser des questions que j’estime en toute modestie bonnes, à défaut de leur apporter les réponses les plus appropriées : d’où vient cet incendie ? Pourquoi tant délestages au Congo alors que l’on a tout même pour exporter de l’électricité vers l’Italie qui en manque parfois ? Feu Daniel Péa qui servait un régime honni, incompétent sur 99,99% des problèmes des Congolais s’était-il déjà posé la question de savoir comment s’en sortaient ses compatriotes qui soit n’avaient pas d’électricité ou simplement pas les moyens de se payer un groupe électrogène ? Mieux encore : il y en a qui arrivent, après s’être endetté auprès d’usuriers à se payer un groupe électrogène, mais qui ne peuvent par la suite se payer le produit dérivé du pétrole qu’il faut y mettre afin de l’alimenter ? Il y a un stock de questions que ce Monsieur aurait du se poser. Que nous devrions tous nous poser. Que Monsieur et Madame tout le monde ne trouve pas de réponses, je peux encore comprendre. Mais un élu de la République ? Qui plus est qui sert le régime en place qui a sûrement enregistré les plus grosses rentrées d’argent, en francs cfa constants depuis la pseudo indépendance du 15 août 1963. Monsieur le député, feu Daniel Péa n’est bien entendu pas seul responsable dans la chaîne de malheurs nous frappant au sujet des délestages, mais en tant qu’élu de la République, représentant du peuple, contrôleur de l’action gouvernementale (donc des deniers publics), il avait son mot à dire. Et ce mot aurait entendu s’il avait parlé du train de vie excessif de l’Etat. S’il avait interpellé le gouvernement afin de lancer de vraies réformes qui non seulement feraient des économies à l’Etat, mais en plus permettraient d’y voir plus clair dans la gestion de finances publiques et dans la nébuleuse que constituent les faux chantiers lancés par ci et par là, alors que le minimum même n’est pas assuré. Dommage, il a raté le coche – comme nombre d’entre nous – mais le pire c’est cet incendie qui a des allures de tragi-comédie qui l’emporte dans le contexte que l’on sait.

    Vraiment, le serpent qui se mord la queue !

    Obambé GAKOSSO

     

    Source : http://obambegakosso.unblog.fr/


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    En règle générale, la croissance annuelle du PIB donne la traduction statistique  de l’activité économique d’un pays. Toute fois, les effets induits par l’augmentation des biens et services d’un pays pendant une période déterminée, dépendent non seulement de la structure de son économie, mais également des relais sur le terrain. Ces dernières années, on a assisté à une augmentation concomitante du prix et du nombre de barils/j. Pour évaluer les conséquences insidieuses sur le terrain, j’ai opté pour une démarche qui emprunte tant aux réalités congolaises qu’à la réflexion pure.

    Nonobstant la sensation d’aise induite par la frénésie pétrolière,notre pays s’expose à deux périls  qui ont toujours  été mal expliqués ou mal perçus  par nos dirigeants, au premier desquels, on a l’illusion statistique.

    Ce concept, rébarbatif par sa forme, l’est moins dans son contenu , tant il traduit cette espèce d’euphorie dans laquelle se sont toujours baignés les chantres de la nouvelle Espérance, qui interprètent, sans aucun effort intellectuel, des chiffres mystificateurs de la croissance du PIB de notre pays en performances économiques.<O:P></O:P>

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    Depuis  bientôt une décennie, notre pays  aligne sans effort des taux de croissance du PIB que nous envient les économies industrialisées. Selon les dernières estimations, le taux de croissance réel du PIB au Congo-Brazzaville devrait être de l’ordre de 7,6%, largement supérieur à la moyenne de la zone CEMAC (Communauté économique et monétaire de l’Afrique Centrale). Ce taux de croissance anormalement élevé, génère une certaine atonie, tant les autorités congolaises se bercent dans l’illusion statistique. À la faveur de la hausse des prix des matières premières et à l’amélioration des termes de l’échange donc, le budget de l’État congolais pour l’exercice 2007- <ST1:METRICCONVERTER productid="2008 a">2008 a</ST1:METRICCONVERTER> augmenté de 43,4% (soit 834,9 milliards de FCFA), passant de 1921,1 milliards de FCFA dans la loi de finance initiale à près de  3000 milliards dans la loi de finance rectifiée. Les dirigeants congolais se sont toujours leurrés par des taux de croissance du PIB de 5, 6 voire 8%, mais ils ont naïvement ignoré la chose essentielle : ces taux de croissance résultent davantage de la valorisation de la rente pétrolière que d’une dynamique de l’appareil productif. En d’autres termes, les autorités de Brazzaville n’ont  aucun mérite dans la génération de cette croissance, tant, les entreprises qui devraient être les seules à produire une croissance du PIB saine, sont pour la plupart sous perfusion financière de l’Etat.<O:P></O:P>

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    Une croissance résultant d’un dynamisme de l’appareil productif réduit le chômage, injecte du pouvoir d’achat aux populations qui augmentent leur consommation et l’économie s’en porte mieux. C’est bien le contraire de notre pays qui, en dépit d’une augmentation exponentielle  des recettes pétrolières ces cinq dernières années, on est confronté à  un chômage endémique et  une pauvreté tenace, agressive et, presque structurelle qui  s’est obstinément installée sur toute l’étendue du territoire national au point que 75 % de la population congolaise vit désormais dans une extrême pauvreté.

    En définitive, la richesse générée par 10% de taux de croissance au Mozambique n’est plus entraînée que par 0.08% de croissance en Corée du Sud et 0.008% au Japon. C’est pourquoi, il convient de toujours tempérer le triomphalisme né d’une progression annuelle du produit intérieur brut.

    Le deuxième péril qui menace notre pays s’appelle Syndrome hollandais  ou en anglais « Dutch disease ».<O:P></O:P>

    Ce syndrome est une conséquence des problèmes macroéconomiques générés par la capacité d’absorption d’une économie suite à l’entrée massive de devises. Ce phénomène a été observé pour la première fois aux Pays-Bas, dans les années 60.<O:P></O:P>

    A titre d’exemple, le budget national du Congo est passé de 3 milliards de francs cfa en 1962, à 3000 milliards de francs cfa pour cette année 2008. Notre pays a sombré dans les facilités d’une économie de rente, avec 90% des recettes d’exportation et 75% des recettes fiscales provenant des hydrocarbures.<O:P></O:P>

    Le Congo dépend donc d’une monoproduction: le pétrole.<O:P></O:P>

    C’est cette dernière très forte spécialisation qui induit des effets pervers. Le pays  voit son développement freiné. Le cas du Nigeria est très édifiant sur ce plan. En effet, les deux booms pétroliers des années 70 ont engendré l’envolée des prix, combinée à la baisse conséquente des exportations non pétrolières (notamment agricoles). Ces booms pétroliers passés, le Nigeria constatera avec effroi, la quasi-dislocation de toute son agriculture dont la première conséquence a été l’apparition d’un grand déficit alimentaire, d’une inflation galopante et une balance commerciale déséquilibrée d’année en année.

    Le sous-développement congolais est en train de s’aggraver  par le fait que les autres secteurs, aussi stratégiques pour un développement intégral, sont  laissés en marge des priorités publiques.


    Notre économie est donc vouée aux fluctuations de cette rente. Par ailleurs, elle se heurte à d’importants goulets d’étranglements, tels le poids du tribalisme dans l’attribution des emplois, les critères politiques de localisation des unités de production (Exemple l’usine d’eau d’Okiessi à Oyo), la lourdeur de l’appareil administratif, la faible rentabilité des grands projets( aéroport militaire d’Ollombo), l’insuffisance des équipements électriques, des télécommunications et des voies de communication secondaires. Les quelques unités productives héritées de la période Massambat Débat sont en fin de vie et ne sont plus en mesure de créer la dynamique autonome du système productif ; celui-ci, fortement dépendant de l’extérieur, est caractérisé par des dysfonctionnements techniques, financiers et gestionnaires.<O:P></O:P>

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    Affronter notre destin lié à la production pétrolière, c’est réduire considérablement les nombreux symptômes dus au syndrome pétrolier qui tire notre économie vers le bas. Faute de diversifier nos exportations, nous connaissons une spécialisation appauvrissante. Ce qui apparaît comme une diversification, profite beaucoup plus au secteur des biens non échangeables qu’aux biens échangeables. Ce sont pourtant les derniers qui génèrent de la valeur ajoutée.<O:P></O:P>

    Le pétrole devient alors, paradoxalement, la cause de l’approfondissement du sous développement  congolais.

    Cependant, le Congo peut échapper à un tel syndrome si la gestion de toute l’économie suivait la voie de la rigueur, par l’utilisation des compétences nécessaires pour remettre l’économie sur pied. Et là, c’est à l’ensemble des filles et des fils de ce pays qu’il faut faire appel et redonner aux compétences leur vraie place dans la conduite de la chose publique.<O:P></O:P>


    C’est de notoriété publique, un syndrome peut en cacher un autre, aussi, pour l’instant, la grande des priorités reste sans nul doute la réduction des injustices entre le clan au pouvoir et le reste de la population, au risque de voir arriver un autre syndrome plus nocif. Rwandais, celui-là.
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    Djess Dia Moungouansi<O:P></O:P>

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    Le Blog de Djess<O:P></O:P>

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    http://demainlecongo.oldiblog.com

    Cet arlicle a été publié sur MWINDA

    http://www.mwinda.org/index.php?option=com_content&task=view&id=530&Itemid=1
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