• Une semaine dans l’enfer du « chemin d’avenir »


        
                                     

        Une semaine dans l’enfer du « chemin d’avenir »


    Dans un univers totalement régenté par les arias et aléas générés par la gestion calamiteuse du système Sassou, je sacrifie volontiers l’exhaustivité du récit au seul profit de la profondeur de l’analyse. On peut retourner la question dans tous les sens, la fange est seul maître des lieux. Tous ceux qui avaient cru à la construction d’une nation riche et prospère, réalisable avec les pétro-CFA abondants cette dernière décennie, ont déchanté depuis.

    C’est triste. Catastrophique. voir ce que le Congo est devenu sous les coups de boutoir des prédateurs qui l’ont capturé, donne à penser que ce pays n’est plus soudain que le siège d’une nouvelle faune de perroquets dont le seul projet consiste à meubler les caprices d’un homme en mal d’ambitions pour son pays, qui joue au tyranneau de village.

    Dans toutes les conversations, épiées par la « Securitate » congolaise, elle-même sous l’emprise d’une paranoïa sécuritaire, c’est la désillusion généralisée : au Congo de, seule la politique paye. Les dribles, feintes machiavéliques et autres tacles stupéfiants du monarque à ses adversaires politiques, sont considérés comme une marque de génie.

    Un talent inouï de politicien! on se souvient du dithyrambique des portraits jamais conçu dans les colonnes d’un journal du continent africain en l’honneur d’un dictateur par une des figures majeures de l’afro-conscience Théophile Obenga qui ne se gêna pas pour proclamer, superbe de ridicule, pour la gloire du distributeur attitré de la rente pétrolière : « un nouvel épithalame pour le Congo ». Ce n’était plus de la mystification politique ; c’était un délit conceptuel et intellectuel.

    Un affreux rapt éthique

    Une mentalité importune, nourrie par la corruption a allègrement pris le dessus sur les grandes vertus du travail bien fait, de l’excellence, de l’émulation. Depuis l’aéroport, les agents de douanes n’ont plus qu’une seule motivation et leur technique, bien rôdée: jeter la suspicion sur les biens des paisibles voyageurs pour exiger des droits de douanes qui ne prendront pas la direction du trésor public mais évidemment, celle de leurs poches sans fond.

    Un pays transformé en casino grandeur nature

    La dure réalité vous nargue, une pauvreté tenace, agressive et, presque structurelle s’est obstinément installée au Congo. Elle est chaque jour révélée par des scènes surréalistes, d’un père au bord du trottoir, derrière un comptoir de fortune, sur lequel sont exposés deux doigts de bananes, à l’attente d’un hypothétique client. De telles scènes, côtoient les turpitudes des adeptes de l’argent facile, ceux qui font partie du clan des prédateurs ou qui reçoivent la contrepartie du militantisme politique: villas, gardes de corps, comptes en banques, véhicules, chauffeurs, etc. ils réussissent à tirer leur épingle du jeu, ces petits vauriens, incultes, tricheurs et assassins de bas étages ; tous, camouflés sous les manteaux des clubs et associations véreux. Des mots, rien que des mots vilains, vides et suspects, pour maquiller la médiocrité et la soif de grandeurs malsaines qui ruinent leurs âmes...

    Dans ces conditions, dégoulinant de médiocres et mafieuses actions, la scène congolaise, déjà honteuse, sent la gadoue. Mais elle n’a pourtant pas montré toute sa face hideuse. Elle est en train de se dégrader de plus belle, ces jours-ci. Dans un pays où la vie humaine était encore sacrée, on investirait plus dans les ambulances et autres structures hospitalières ; or, au Congo, seules les activités relatives à la gestion de la mort sont florissantes, les corbillards flambants neufs rivalisent d’imagination dans leurs prestations macabres.

    Un ami, rentré il y a quelques temps au pays, par le biais de la proximité ethnique de son épouse avec le clan au pouvoir, m’a fait visiter quelques grands centres de décisions économiques qui comptent à Pointe-Noire (total, Agip, le port, l’aéroport, la direction de la police, atc etc..), il connaissait presque tous les directeurs généraux. « Qu’as-tu remarqué ?» m’a-t-il lancé à la veille de mon retour. En toute objectivité, je réponds:« rien de spécial en dehors de l’embonpoint généralisé de ces « décideurs ». -« oh mince ! Quelle cécité pour un observateur averti comme toi », continue-t-il avec délectation. Il poursuit : « tous ces responsables sont originaires du nord du pays, ils ne sont pas forcement les meilleurs dans leur domaine respectif, leurs adjoints presque tous du sud font le travail à leur place. Je le déplore, mais ce n’est pas en France qu’on fera changer les choses ».

    Du tribalisme d’Etat à l’état pur

    Mon ami, du reste brillant garçon, tient toujours à signaler qu’il est dans le privé et qu’il n’abandonnera jamais le combat qu’il mène sur place contre l’incurie du régime de.

    Hier, avant Sassou, tous nos aînés, qui terminaient des études à l'étranger, étaient pressés de rentrer au pays en quittant, qui, la France, qui, l'Allemagne, les usa, le japon, l’URSS, la Belgique, etc., pour venir travailler au Congo, et se mettre au service du pays. Aujourd’hui, nos enfants nous disent : « (...) je n’irai pas travailler au Congo. Le pays de mes parents n'a rien à me proposer »...

    Et ils sont, ainsi, des milliers de jeunes congolais, du pays ou de la diaspora désabusés qui ne rêvent plus qu’une chose : faire carrière en dehors de ce pays béni des dieux, mais maudit par ses propres enfants. Les plus désespérés d'entre eux n’ont plus que l’Europe ou le canada comme perspective. Parce que l'Afrique et ses roitelets du genre Sassou, Ali bongo, Paul Biya..., parce que le Congo de et ses chefs guerriers, ses cobras, ses ex-ninjas qui continuent de semer la désolation dans le pool, ses rebelles repentis, ses malfrats politiques avides de sang juvéniles pour asseoir des pouvoirs démoniaques et incompétents, n'ont rien à offrir à leurs jeunesses. rien d’autre que l’amertume pour les idéalistes déçus, la menace d’un infarctus, des conteneurs d’alcool pour ‘‘idiotiser’’ les jeunes, la bible pour les paradis artificiels que sont les églises de réveil qui ont désormais pignon sur rue, et l’art de la reptation indigne, pour les caméléons politiques, uniquement soucieux de… faire bouillir leurs marmites grosses comme des chaudrons du diable.

    Le roi n’a plus rien à proposer… même ses supporters les plus intéressés, une fois leurs préoccupations de ventre et de bas-ventre mises de côté, savent qu’une vraie rupture est inéluctable. Mais il n’en a cure, son attitude étant celle qu’adoptent les fâcheux. Or, les enjeux de la nation dépassent les ambitions égocentriques d’un homme qui, d’une certaine manière, s’agrippe au pouvoir que parce qu’il connaît le poids de ses casseroles (disparus du Beach, pillage à grande échelle etc..). Il sait ce qui l’attend. Après s’être amusé avec les comptes de la nation et posé des actes aux antipodes de ses engagements électoraux, son destin, comme celui de ceux qui continuent de l’accompagner dans sa folle cavalcade, est tout tracé.

    Djess Dia Moungouansi – Membre du « cercle de réflexion la rupture ».


    Le blog de Djess

    http://demainlecongo.oldiblog.com

































  • Commentaires

    1
    visiteur_platon
    Mercredi 30 Décembre 2009 à 12:11
    Texte bien écrit , reportage saisissant et accablant.
    Le lecteur sent le froid de la lame de couteau qui va bientôt transpercer sa chair.
    Ce pays est aux mains de lourds prédateurs , leur voracité n'a d'égal que la cupidité dont ils font montre.
    J'aurai sans prétention pu écrire un texte pareil il y a quelques mois tant la rage , la colère , et disons le , la haine me montaient le corps pour oser occuper la place privilégiée de la raison dans mon esprit.
    Je suis las , le combat de la persuasion , du raisonnement , du désir de vivre mieux chez nous n'est pas entendu par le pouvoir qui s'enferme dans sa carapace n'écoutant que le bruit assourdissant des billets de banque.

    Il est urgent de changer de combat car décidemment nos mots glissent sur eux comme de l'eau sur les plumes d'un canard , ils nous traitent d'intéllos affamés.
    Les maux qu'ils infligent à la population appellent un sursaut imminent.
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