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Le Congo Brazzaville face à son destin
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Le Congo Brazzaville face à son destin <o:p></o:p>
Construire une nation est un travail de longue haleine qui suppose un désir de vivre ensemble entre peuples dorigines diverses ayant entériné un projet commun. Ce projet doit être la rampe de lancement sur lequel tout se repose. Cependant, depuis un certain nombre dannées, inexorablement, notre pays sabîme dans une grave crise économique, sociale et politique, et apparaît à cet effet comme « lexception négative » là où les autres, dans les mêmes circonstances auraient pu tirer leur épingle du jeu. Larme du crime a été longtemps identifiée : la faute humaine (le gangstérisme politique, la concussion, les détournements et limpunité).
Pendant que le Congo broie du noir, beaucoup de pays africains essaient de sortir de lornière en entamant une recomposition profonde bien quinachevée de leur société, redonnant ainsi espoir aux populations. Les dirigeants dun pays qui veulent réussir trouvent les moyens, ceux du Congo se cachent derrière les excuses.
Une autre dynamique doit être inventée, ce qui appelle une autre approche permettant dapporter en amont des réponses précises et concrètes à certains problèmes tout en opérant une rupture avec le passé dans bien des domaines. Des changements pourraient être saisis à travers le dynamisme des activités informelles, le refus des pratiques immobilistes que nous propose « <?xml:namespace prefix = st1 ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:smarttags" /><st1:PersonName ProductID="La Nouvelle Espérance" w:st="on">La Nouvelle Espérance</st1:PersonName> » et surtout à travers la redynamisation des projets viables pour notre pays.
Au sortir de <st1:PersonName ProductID="la CNS" w:st="on">la CNS</st1:PersonName>, nous avons tous cru que le pont était fait entre le passé auquel on associait la gabegie, les assassinats, le monopartisme et le futur qui suscitait lespérance puisque notre destin, pensait-on, était désormais entre les mains « des élus » qui auraient à tout moment une espèce dépée de Damoclès représentée par léventuelle sanction des mandants que nous étions. Nous avons par paresse et par manque de rigueur, occulté un élément indispensable dans tout changement : le capital humain et on sest naïvement attaché au seul côté institutionnel.
Disons-le sans circonlocutions : bien que urgent mais surtout indispensable, le départ de Sassou du pouvoir ne sera pas la panacée, car il faudra penser à reconstruire ce pays. La tâche ne sera pas une sinécure. Mais avec qui pourrait-on le faire alors que la jeunesse, principal moteur dune nation, a été longtemps déscolarisée, démotivée, mais surtout pervertie à dessein ?
Lurgence sera de ce côté-là, car ceux qui ont été en contact avec les armes, et qui ont désormais dautres centres dintérêts, ne seront pas ramenés à la « vraie » réalité par la force du Saint esprit. Les campagnes de thérapie de groupe, maladroitement et indirectement organisées par « les églises de réveil », qui ont à lheure actuel pignon sur rue au Congo, doivent être formalisées dans un programme lisible, avec des professionnels de la psychothérapie, de la psychanalyse, de la psychiatrie etc. Ne rigolez pas, cest sérieux, car ces jeunes qui ont gratuitement tué, violé pour certains, et qui ont été violés, perdu des parents et lespoir pour dautres, doivent être soignés si lon veut quils soient utiles à la nation. Sans çà, nous naurons que des robots qui ignorent superbement les règles de la vie en société et continueront inconsciemment leur travail de sape. La dictature a besoin de tels alibis pour justifier son incapacité à améliorer les conditions de vie des populations en axant tout son programme sur la sécurité obsessionnelle.
Pour tordre le cou à cette morosité ambiante, une massification de léducation est urgente, car la contribution du capital humain à lélaboration de la richesse des nations est reconnue universellement, même si certains de ses effets napparaîtront quà long terme. Ainsi, les investissements en ressources humaines favorisent lacquisition de certaines compétences et laccès à linstruction dune masse importante de la population. Après la destruction par les guerres civiles successives du secteur de la formation académique et technique, structures nécessaires pour la construction ou lamélioration du capital humain, une réorganisation simpose. Avec la détérioration des systèmes de formation, cest tout un système de valeurs qui sécroule. La vision erronée consiste de ne plus percevoir lécole comme le vecteur principal de connaissances ou le lieu de promotion sociale par toute une génération.
Il est illusoire de sattendre à hypothétique augmentation de la productivité individuelle sans une acquisition des connaissances élémentaires, dautant que celles-ci rendent apte lindividu à exploiter et à utiliser linformation, à sadapter aux nouvelles technologies et méthodes de production. Ainsi, des études dans la province de HUNAN en CHINE, ont montré que les paysans relativement instruits étaient plus susceptibles dadopter des variétés hybrides à rendement élevé. Dans le même ordre didées, et à grande échelle, un pays doté dun niveau général dinstruction satisfaisant voit la probabilité daccès à la formation de sa population active, après études, augmenter. Cest ainsi quau PEROU, selon le même rapport de <st1:PersonName ProductID="la Banque Mondiale" w:st="on">la Banque Mondiale</st1:PersonName>, la population active masculine, ayant fait des études secondaires, augmente de 25% (1) leurs chances de recevoir une formation demployeurs.
On ne le dira jamais assez : la rente pétrolière aurait dû desserrer les contraintes financières imposées par les institutions financières internationales. Contre toute attente, la presse internationale nous révèle comment Monsieur NGokana, à travers les sociétés écrans, détourne sans scrupule des millions de dollars au nez et à la barbe des congolais plongés dans une indigence sans précédent. Ces comportements hostiles à lorthodoxie financière la plus élémentaire, limitent les effets dentraînements quaurait pu produire notre rente. Les importations de biens déquipements et des biens de consommation, le rapatriement des profits et des salaires des ingénieurs français de Total et enfin la fuite des capitaux, plombent considérablement tous les espoirs. <o:p></o:p>Le Congo est quasi exportateur dun seul produit : le pétrole. Notre économie est donc vouée aux fluctuations de cette rente. Par ailleurs, elle se heurte à dimportants goulets détranglements, tels le poids du tribalisme dans lattribution des emplois, les critères politiques de localisation des unités de production (Exemple lusine deau dOkiessi à Oyo), la lourdeur de lappareil administratif, la faible rentabilité des grands projets( aéroport militaire dOllombo), linsuffisance des équipements électriques, des télécommunications et des voies de communication secondaires. Les quelques unités productives héritées de la période Massambat Débat sont en fin de vie et ne sont plus en mesure de créer la dynamique autonome du système productif ; celui-ci, fortement dépendant de lextérieur, est caractérisé par des dysfonctionnements techniques, financiers et gestionnaires. Figurez-vous, on na jamais pu construire une seule autoroute sur toute létendue du territoire national, alors que des pays comme <st1:PersonName ProductID="la Côte-d" w:st="on">la Côte-d</st1:PersonName>Ivoire ou le Cameroun, des pays à revenus intermédiaires comme le nôtre, en sont dotés.
Affronter notre destin lié à la production pétrolière, cest réduire considérablement les nombreux symptômes dus au syndrome pétrolier qui tire notre économie vers le bas. Faute de diversifier nos exportations, nous connaissons une spécialisation appauvrissante. Ce qui apparaît comme une diversification, profite beaucoup plus au secteur des biens non échangeables quaux biens échangeables. Ce sont pourtant les derniers qui génèrent de la valeur ajoutée.
Nous sommes, à nen point douter à la croisée des chemins, là où on doit éviter que notre destin méandre, en lui imposant la rectitude et affronter cette réalité qui nous nargue avec violence. Pour cette raison, la résignation ne doit pas être notre allié. Une nation ne peut être construite que par des patriotes, prêts à faire des sacrifices, chacun à son niveau, et non par des fossoyeurs comme ceux qui sont actuellement aux commandes de notre pays. Ceux là qui ont malheureusement à la place d'un coeur qui bat, sensible, capable de compassion, une authentique pierre. Ils nont pas non plus des yeux d'humains capables de verser des larmes ni de voir la misère effroyable quils répandent délibérément pour transformer les congolais en esclaves, mais ils ont des yeux de Condor qui fixent le soleil sans ciller.
Quand on voit des moments de doute que connaissent même certaines grandes démocraties, on est persuadé dune chose : toute uvre humaine est imparfaite et la construction dune nation ne finit jamais, tel Sisyphe, condamné à faire rouler sur la pente dune montagne un rocher retombant toujours avant davoir atteint le sommet. Le Congo a les ressources nécessaires pour relever les grands défis, pour peu quelles soient rationnellement mises au service du développement et du progrès social.
(1) Banque Mondiale « Le monde du travail dans une économie sans frontière » Rapport 1995 p.41
Djess dia Moungouansi<o:p></o:p><o:p> </o:p>
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Cet article a été publié sur http://www.mwinda.org/article/djess5.html
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