• L'UPADS : la fin d'une histoire?



    L’UPADS : la fin d’une histoire ?



    A l'image de son père fondateur Pascal Lissouba, l'UPADS est dans un état comateux, et la déliquescence va manifestement se poursuivre jusqu'à sa dislocation totale. La dynamique « maba matatu », jadis véritable rouleau compresseur pour la conquête du pouvoir est en panne, et rien de rassurant à l’horizon pour sonner le tocsin. 


    C’est de notoriété publique, l’objectif principal d’un parti est la conquête du pouvoir, et cette perspective n’est réaliste que lorsque les moyens financiers et humains sont mobilisés autour d’un programme clair, conduit par une personnalité charismatique. Un parti qui se complait dans l’hibernation doublée d’une cacophonie assourdissante est un parti condamné à la glaciation. Or, au-delà de sa capacité personnelle à susciter l’adhésion massive, Lissouba bénéficia d’innombrables circonstances favorables : dans la mémoire collective congolaise, il fut le mythique Premier ministre de Massamba Débat qui dota le Congo de quelques infrastructures existantes; il fut qu’on le veuille ou non un grand scientifique de renommée internationale et son idée de vouloir allier les sciences à la technologie pour booster le développement du Congo n’était pas mauvaise en soi, bien qu’elle ait été réduite à la caricature et portée depuis les fonds baptismaux sur l’aire du mal-management.

    L’UPADS est actuellement confrontée à un problème que ses dirigeants refusent de voir et de traiter avec courage. Un électorat potentiel ne suffit pas à concevoir un parti de gouvernement : tout parti s’identifie à un chef qui imprime son empreinte par sa capacité de mobilisation et sa force de proposition.

    Qui parmi les dirigeants actuels a le charisme de Lissouba ? Qui parmi eux pourrait incarner le vrai renouvellement ? Qui parmi eux pourrait rassembler l'électorat du Niboland au-delà de son ethnie ? Qui parmi eux fait rêver tous les jeunes militants ? Finalement, l’UPADS survivra-t-elle au Professeur des Professeurs ?

    Répondre à ces questions devra être la priorité de ceux qui s'acharnent sur cet héritage.

    D’ailleurs, de quelle UPADS s’agit-il, entre l’UPADS-FR de Martin Mbéri, l’UPADS de Tsaty Mabiala qui a tenu son congrès le 27 et 28 Décembre 2006 à Brazzaville, l’UPADS de Makita et enfin celui de Moukouéké ? Les parangons de la vertu, obnubilés par leur exil douillet, en vouant aux gémonies ceux qui ont tenu leur congrès, à Brazzaville, semblent ignorer que la nature a horreur du vide, surtout la nature humaine. L’ataraxie de Moukouéké et son équipe n’est pas de nature à briser l’aboulie ni à doter un parti des moyens nécessaires pour affronter les arias et aléas de ce siècle nouveau. L’eau a coulé sous les ponts, aucun soupçon de congrès en vue.

    Quant aux « congressistes » de Brazzaville, en dehors des lourdes présomptions qui pèsent sur eux sur leur éventuelle collusion avec le pouvoir de Brazzaville, ils ont organisé leur congrès en violant les textes de leur parti. Serait-ce le mal nécessaire pour redonner un souffle de vie à ce parti ? L’histoire nous le dira.

    Comme si tirer à hue et à dia ne suffisait pas, les dirigeants actuels, toute tendance confondue, accumulent chacun des handicaps de nature diverse : certains trimbalent des casseroles dont ils ont du mal à se défaire; d’autres n’arrivent à mobiliser que leur cercle familial, car leur gestion calamiteuse du pays reste encore vivace dans la mémoire des populations, y compris des trois régions qui fondent le fief de l’UPADS.

    A première vue, le rapprochement entre Makita et Moukouéké, à travers « L’appel de Paris », aurait été salutaire pour ce parti, s’il n’était pas concocté pour des intérêts aux contours flous. Par sa forme, cet appel ajoute au climat délétère, une véritable confusion avec deux secrétaires généraux, l’un par intérim, l’autre issu du congrès. Le grand perdant dans cette opération est sans conteste Moukouéké, qui semble avoir été dépouillé de ses cadres. Que lui reste-t-il véritablement si les sieurs Tsaty Mabiala, Poungui, Nimi Madingou, et autres Koukébéné avec qui il avait organisé l’assemblée générale du 1er Octobre 2005 sur les Champs Elysées ont quitté son bateau pour rejoindre Gamassa, Kignoumbi et Kombo Kitombo ?

     
    Victor Tamba-Tamba, qui avait promis aller mettre un terme à ce qu’il appelait « l’amateurisme » de ceux qui préparaient le congrès à Brazzaville, s’est compromis en allant faire allégeance à Sassou, celui là même qui les avait chassés du pouvoir par la force des armes. Il se pavane dorénavant avec ostentation dans des limousines du parc présidentiel, sans doute au nom du « consensus national » qui est devenu le constant discours de VTT.

    Là encore, c’est un manque criard de grandeur d’âme que de se cacher derrière la pseudo tolérance, alors que c’est la cupidité qui éclate dans toute son horreur.

    Tant que la politique au sens propre du terme sera balayée par les basses tactiques, il serait illusoire pour ce parti d’atteindre sa force de frappe d’antan qui en faisait une redoutable machine à gagner les élections. Si rien de courageux n’est entrepris d’ici là, ils seront dans l’obligation de faire le deuil de la conquête du pouvoir par les urnes. On assiste à une crise de sens et de dessein.

    Un parti qui n'innove plus et ne fait plus rêver va directement au musée. Après le mausolée De Brazza, le roi de Mpila pensera probablement à une réalisation de ce type pour enterrer ses adversaires politiques et les avoir à l’oeil. L’UPADS est restée dans le collimateur de Sassou qui n’a jamais fait mystère de l’OPA qui entend réaliser sur ce parti fragilisé. Il ne se fera pas prier, surtout que quelques dirigeants semblent lui donner un coup de pouce dans ce sens. On tue le parti et on récupère sans effort son électorat. Le piège est entrain de se refermer inéluctablement.

    Gamassa
    Les rififis ne sont intéressants que lorsqu'ils aboutissent à la mise en place d'un système qui stimulerait l'émulation. Choisir le meilleur dans une brochette de personnalités, le plus talentueux, le plus compétent, c'est ce que leurs militants attendent.

    Qu'à cela ne tienne, les querelles intestines n'intéressent plus les Congolais qui affrontent chaque jour les affres imposées par la politique désastreuse de Sassou. Mais çà c'est une autre histoire.

    Il faut se rendre à l’évidence : un à un, tous les partis post-CNS rendent l'âme pour des raisons qui tiennent à leur inadaptation à la nouvelle donne. Ces partis construits autour de l'ethnie s'essoufflent quand ils ne disparaissent pas, surtout quand ils ne sont plus au pouvoir. Le « big bang » initié par la CNS n’a pas donné les résultats escomptés. On a malheureusement assisté à un retour insidieux de l’ethnie. L'ethnie au pouvoir organise un système de prédation de l'Etat avec un engouement qui frise l'hystérie. Une fois l'Etat confisqué, il ne reste plus hélas aux autres ethnies ou régions que des formes plus ou moins violentes en fonction de la cupidité de ses leaders et des violences subies pour le contrôler à leur tour. Une nouvelle recomposition du paysage politique est donc urgente.

    Ce travail d’architecte sur le paysage politique ne sera profitable à notre pays que s’il se faisait sur la base des idées et non, comme par le passé sur le rapprochement ethnique. Pour être viables, les formations politiques doivent transcender les clivages ethniques. Les nouveaux chefs de parti auront alors intérêt à ne pas transformer leur parti en une cour au sein de laquelle on participe à la redistribution de la manne pétrolière, mais en un lieu de gestation de compétences, d’élaboration des stratégies visant essentiellement le développement du pays. C'est encore tout un programme... et l’UPADS ne s’y inscrit me semble-t-il en aucune manière.

    Djess dia Moungouansi

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