• L’Oyocratie : les raisons d’une effervescence.


    L’Oyocratie : les raisons d’une effervescence.



    L'actualité dans notre pays est, pour une des rares fois, intéressante. La Cour de cassation de Paris a autorisé le 09/11/2010,  la reprise de poursuites judiciaires sur les logements de luxe et les avoirs bancaires détenus en France par trois présidents africains. Par cette décision de justice ô combien politique, la plus haute juridiction française a ainsi annulé un arrêt de la cour d'appel de Paris de 2009 qui déclarait irrecevable la plainte de l'organisation, qui considère que les biens en question ont été acquis avec de l'argent public détourné . Serait-ce un lâchage en bon et due forme   de la FrançAfrique ou une pure diversion ?    Dans tous les cas, une bonne nouvelle pour notre pays,  pour notre  peuple  qui, depuis belle lurette,  ne faisait entendre parler de lui que par la loi du plus fort qui fait rage au Congo. Du Général NDenguet, qui a complètement privatisé la police congolaise pour son enrichissement personnel,  en passant par le clan NGuesso qui dilapide chaque jour, la rente pétrolière, le peuple congolais cherche un souffle, qui mettrait un terme à ses souffrances  imposées par un pouvoir illégitime et sanguinaire.


    Les thuriféraires du pouvoir, grassement payés pour faire diversion, rivalisent d’ardeur dans la coprolalie et sombrent tout bonnement dans le ridicule.  Forcés de mentir  comme des arracheurs  de dents, ils  occultent des faits saillants qui apparaissent  comme le nez sur la figure :  la recrudescence des maladies moyenâgeuses et  autres pathologies  liées à la pauvreté,  les détournements de fonds publics, l'enrichissement des Généraux improductifs par leur multiples salaires,  les feintes diaboliques du Général Président à ses adversaires politiques, l'inertie choquante de l'opposition ; une opposition étrangement faible et aux comportements politiques plus que suspects ; une opposition qui, dans l'entendement de tout Congolais , est le premier support de ce régime pourri qu'un peuple sérieux devrait avoir le bon sens de chasser du pouvoir.


    Ces postures sont symptomatiques d’une pensée prisonnière d’une tradition politique d’accaparement. Elles ne saisissent pas, en tant que pensée unique et furtive, l’exigence temporelle et spatiale d’émergence de pôles de citoyenneté autonomes à côté de l’espace politique classique. Au fond, nous sommes victimes d’une vision réductrice du système Sassou réduit à ce que René Rémond appelle «l’expression périodique des électeurs», alors qu’elle est une «décision politique», -ajoutons citoyenne- «pour peser sur l’histoire».  


    Dans ces conditions, il est aisé de comprendre qu’aucune alternative crédible ne vienne  tordre le cou aux velléités  de conservation du pouvoir par les seuls ressortissants de la région de la Cuvette. Face à l’Histoire, seule juge des temps, comme nous l’a indiqué  « La lettre  Continent »  N° 598 du 28/10/2010,  les membres influents de l’ethnie MBochi, sont désormais occupés à élaborer les  scénarios  de conservation du pouvoir, après Sassou. Eh oui, un grand homme du 20e siècle, le Général De Gaulle, la tête sur les épaules, le rappelait sans ambages « Je ne vais pas mal. Mais rassurez-vous: un jour, je ne manquerai pas de mourir! »


    Prolixe sur le sujet, la presse n’y va pas de main morte et s’en donne à cœur joie : c’est un secret de polichinelle, l’état de santé de Sassou est chancelante, les jouisseurs de l’Oyocratie ont très vite compris les enjeux.  Peu importe les pressantes inquiétudes des congolais,  c’est la conservation du pouvoir qui les préoccupe; le pouvoir pour le pouvoir. Pouvait-il en être autrement ? Ils affectionnent l’option des armes, c’est un truisme que de l’affirmer.  Les urnes sont leur  véritable cauchemar ;   la perte du pouvoir, leur suicide collectif.


    Sous la houlette de Mme Sassou, l’opium insidieusement propagé par les Eglises de réveil,  est  également une des tactiques dans la stratégie du régime dictatorial pour endormir ces âmes fragilisées par  la rudesse de la vie. Dieu se trouve maintenant  partout : sur les bureaux des fonctionnaires de notre Etat laïc, dans chaque ghetto de ce pays, à la télévision, dans les studios d'enregistrement, etc…


    Des choses et des choses, sous ce régime. Au centre de ces choses, la mort de l'éthique. Aucun régime congolais  ne s'est jamais autant signalé par son mépris de l'éthique que ce régime de prédateurs et de barbouzes. Non, il ne nous viendrait pas à l'idée de contester le bien fondé de l'opération mains propres engagée par le Ministre des Finances Odongo.  Tout compte fait, je n'y crois pas. Elle cache certainement autre chose que le désir d'assainir la société congolaise. On sait comment un certain MFoutou,  ancien ministre de Sassou  qui voulut s’attaquer à la corruption, fut physiquement menacé par un de ses collègues du gouvernement  Okombi  Salissa, seigneur de guerre et  indétrônable ministre affairiste  de Sassou ; et pour cause, il aida ce dernier à marcher sur des milliers de cadavres congolais  et à reconquérir le pouvoir …par les armes.


    Le comble des dirigeants africains, à commencer par Sassou est de croire qu’il suffit d’être lobotomisé par  la Franc maçonnerie et la Françafrique pour avoir l’alibi qui permettrait en toute impunité de spolier leur peuple. De temps à autre, par la force de la compétence universelle, la règle de droit s’applique dans toute sa rigueur. Sans autre forme de procès, les mentors véreux sont prompts à lâcher leurs protégés dès  que leurs relations  prennent l’allure d’un boulet susceptible de ternir  leur image de marque. Ils ne peuvent pas être de tout temps,  en marge des Conventions des Nations Unies contre la corruption  ( Convention Mérida, destinée à restituer les avoirs détournés pour financer des projets de développement ou de programmes sociaux). Mobutu et Bokassa l’ont appris  à leurs dépens.


    Reçu en hôte de marque à Brazzaville ce dimanche 12/11/2010, Paul Kagamé est venu, entre autres  et  selon  toute vraisemblance, prodiguer quelques conseils  au Général cobra, sur le contenu des  éventuelles représailles contre Paris. Or, la dépendance de Sassou vis-à-vis de Paris est à mille lieues des marges de manœuvres dont dispose Kagamé, qui a réussi sans coup férir,  à mettre en berne, les relations diplomatiques entre la France et son pays.


    Peu importe la forme et le contenu des signes dénotant l’effondrement d’un régime, on voit bien qu’un jour, peut être bientôt, la vérité et ses douleurs finiront par s’imposer. Dautant que, lhonneur et lhistoire de notre peuple exigeront que l’on mette notre pays sur la seule marche qui vaille : la plus haute.


    Djess Dia Moungouansi- Membre du « Cercle de Réflexion La Rupture »


    Le Blog de Djess


    http://demainlecongo.kazeo.com



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