• Mais, où se trouve donc le talon d’Achille de Sassou ?

     

                         Mais, où se trouve donc   le  talon d’Achille de Sassou ?

     

    L’histoire des pays d’Afrique du Nord qui défile stoïquement sous nos yeux, est riche en  enseignements : tout autocrate a donc un talon d’Achille ; un maillon faible  inhérent à ce mode de gestion  conçu pour opprimer  leurs peuples. Heureusement. Au Congo, comme ailleurs, les pouvoirs qui ne s’occupent qu’à élaborer des stratégies pour durer, renvoyant  aux calendes grecques les préoccupations des populations, sont d’une extrême fragilité qui n’a d’égal que le mépris qu’ils ont à l’égard de leurs concitoyens.

     

    Tous ces pouvoirs si redoutés par la terreur qu’ils sèment, auraient-t-ils  alors  un ou plusieurs maillons faibles ? Comment peut-on affaiblir de leurs sources de pouvoir ? En réalité, après avoir sonné le tocsin, comment sonner le glas d’un système dépourvu de toute souplesse d’adaptation et  inapte à toute évolution?

     

    Une kyrielle d’interrogations   kafkaïennes aux quelles les Tunisiens et les Egyptiens  ont apporté avec brio,  des réponses idoines. Le peuple Libyen, convaincu de la forte corrélation entre liberté d’un peuple et sa volonté à s’affranchir de l’asservissement et de  la domination, n’a pas l’intention de lâcher prise. En présence, deux camps  aux intérêts divergents, mais à la fin ; c’est le peuple qui en sort toujours vainqueur…

     

    Aussi, l’insigne impéritie du pouvoir de Sassou, devient  un sacré boulet qui va le précipiter dans la géhenne, déjà jonchée des mauvais souvenir tels Ben Ali, Moubarak. Ce pouvoir, dépourvu de toute légitimité issue du peuple,  méprisant les institutions pourtant façonnées par lui et pour lui, est l’incarnation d’un régime autocratique  retrograde  dans lequel,  seuls le clan et la famille tirent leur épingle du jeu. Or, un pouvoir qui s’appuie sur un clan, au mépris des institutions, est voué  aux arias et aléas  de la rue. En dépit de toute vraisemblance, de nombreux  points forts de ce régime, deviennent, quand on y jette un regard approfondi, des vraies béances, tant, ils sont cristallisés dans un égoïsme qui dessert allègrement l’intérêt général. La liberté d’un peuple est toujours tributaire de sa capacité et de sa volonté à s’affranchir de l’asservissement et de la domination.

     Jean Dominique Okemba, neveu de Sassou, secrétaire général du Conseil national de sécurité (CNS), qui a pour rôle de garder les fétiches et de gérer l’argent  pour les coups tordus, n’assure aucune sécurité pour les Congolais. Il est donc le pilier d’un dispositif conçu pour perpétuer le pouvoir pour le pouvoir, sans aucune ambition pour le pays. Ses responsabilités sont du fait du Prince –Distributeur de la rente, mais ne viennent pas  de la plèbe  qui ne lui a jamais confié un quelconque mandat. Sa défaillance entraîne ipso facto celle de tout un clan. Moralité : mieux vaut s’appuyer sur des solides institutions que sur un homme, fut-il contre-Amiral   de son Etat !

    Autre point faible, la cohorte des Généraux  de l’armée congolaise. A l’instar du Général Adoua, les sbires de ce pouvoir ont transformé leur domicile en stock d’armes, croyant se mettre à l’abri des fureurs d’un peuple subjugué par l’espoir d’une vie meilleure. Erreur. Ils sont plus des faux supporters de Sassou que des vrais remparts contre lacolère d’un peuple désabusé. Préoccupés par la protection de leurs biens mal acquis et à sauver leur peau, il seront les premiers à prendre leur jambe au coup quand sonnera le glas  de ce système moyenâgeux.  

    Enfin, le dernier point relatif au nerf de la guerre est d’une importance capitale. Pour fragiliser une dictature, et lui porter le coup fatal,  il faut en priorité « taper là où ça fait mal ». Agir sur la rente pétrolière,  source de financement essentielle du pouvoir pour imposer des mesures coercitives au gouvernement congolais, résume l’essentiel du travail  de nos deux infatigables compatriotes : Christian Mounzéo et Brice Makosso. Mr Portella, dans les limites de ses prérogatives religieuses y apporte une contribution d’une valeur insoupçonnée.

     

     A travers l’Initiative de Transparence des Industries Extractives ( ITIE) proposée en Octobre 2002 à Johanesbourg par Tony Blair, on impose une action directe et conjointe entre les gouvernements, la société civile, les entreprises et les investisseurs au développement et à la gouvernance de l’Initiative, avec le soutien technique et  financier des IFI. Même si les structures de gouvernance de l’Initiative au Congo n’ont été mises en place qu’en 2007, on ne peut pas encore être euphorique d’autant qu’en 2010, un  écart abyssal de 32% a été constaté entre les chiffres de versements déclarés par les pétroliers  et  ceux du gouvernement congolais, encore hostile à une gestion orthodoxe. Les mauvaises habitudes ont la peau dure !

     

     Cependant, au fur et à mesure, la coalition «  Publiez ce que vous payez » (PCQVP) devient un véritable carrefour  de pouvoir. Elle permet aux corps constitués d’agir collectivement dans le cadre de l’encadrement et de  la mise sous tutelle de la rente pétrolière qui est l’instrument de corruption par excellence.   Cette coalition a obtenu un certain nombre de recommandations relatives à la transparence des recettes pétrolières. Partant du principe qu’il  n’y aurait jamais un seul corrompu sans  corrupteur,  des action ciblées et efficaces sont menées sur  trois fronts  (Gouvernement congolais, France et gouvernement du Nord, IFI). Et la marge de manoeuvre du régime de Brazzaville pour siphonner des recettes pétrolières,  se réduit chaque jour comme peau de chagrin.

     

    Toutes ces actions, comme vous l’avez  deviné, visent à porter un grand coup à la capacité de corruption de ce régime qui a fait de  l’achat des consciences, de la distribution des prébendes pour acheter la paix sociale, des véritables  les leviers pour la poursuite de leur besogne anti –démocratique.

     

    Dans le n° de Jeune Afrique,  Sassou Nguesso, dans un élan d’impudence réaffirme de façon subliminale au journaliste de complaisance F. Soudan,  qu’il ne craignait rien des partis politiques congolais ;  on le comprend aisément, ils tous englués dans une concussion qui atténue toute velléité revendicatrice.  Mais le peuple congolais qui aurait « le sens de la réalité » sait bien reconnaître son bourreau, et cette fois-ci,son indulgence légendaire sera mis à mal  par la nécessité suprême : la survie du Congo.

    Le peuple congolais sait depuis longtemps, qu’aucun dictateur n’est indéboulonnable. Cette race de personnes qui ont une pierre à la place du cœur, sont  en réalité des vrais colosse aux pieds d’argile. Les sources de pouvoir d’une dictature, représentées par  les mesures répressives, ne sont pas toujours disponibles, pire, elles ne sont pas fiables.  Il n’est donc pas illusoire qu’une population à mains nues, sans chars ni bombes, vienne à bout d’une dictature redoutable.

     

     

    La phase crépusculaire des dictatures va se prolonger, et aucun dictateur ne sera épargné. En infligeant tant d’abjections  à son peuple, le système Sassou génère des ingrédients de sa propre destruction. La geste du clan d’Oyo qui confisque tout bonnement tout l’espace du pouvoir, en avalant l’espace politique, procède de  l’élaboration d’un  véritable plan de carrière familial, pour une dévolution monarchique du pouvoir. Le coup d’arrêt de la privatisation de tout un Etat par cette famille gloutonne, est un grand défi  qui s’impose au peuple congolais. Mis dos au mur, par dignité, il est dans l’obligation de  le relever  par tous les moyens. Ce pouvoir autiste l’apprendra à ses dépens : lorsqu’on  étouffe l’humanité d’un peuple, on  libère son animalité.

     

     

    Djess dia moungouansi 


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