• La diaspora congolaise de France et le syndrome de Stockholm (1) 

    Ayant éteint  le tocsin de la clameur publique, le pouvoir de Brazzaville s’est livré à des manœuvres avilissantes et irrespectueuses qui ont définitivement chosifié  certains membres de la diaspora congolaise de France. Après avoir vampirisé les pans entiers de l’économie;  la prostitution politique, l’achat des consciences et autres pratiques dégradantes sont devenues les seules perspectives que  Sassou et son clan ont l’outrecuidance de  proposer aux jeunes qu’ils ont poussés à l’exil économique.  Férus aux turpitudes, il se susurre qu’ils auraient payé  un  séjour parisien à près de deux cent cinquante Congolais venus tout droit d’Ollombo  pour Orly, aux seules fins de  donner l’illusion d’un « bâtisseur infatigable »(sic)  aimé par un peuple qu’il martyrise.

     La dignité au ras de pâquerettes de certains individus, suffit-elle  pour comprendre  ces comportements étranges. Mais que leur reste-t-il quand leur amour-propre  est à la merci d’une personne qui n’en a cure ? 

    Plus que de l’affliction, on ne peut qu’exprimer  une grande  préoccupation quant aux ravages que  le  syndrome de Stockholm  laisse au sein de la diaspora congolaise de France. Un despote devenu pour un temps, l’objet d’amour et d’admiration et que l’on doit s’interdire de critiquer ou de haïr. Se touillant à la flétrissure, la cupidité finit  par éclater dans toute son horreur. Le talent de certains artistes ou écrivains congolais,  se noie tout bonnement  dans l’apologie abjecte !

    En toute modestie, j’avoue mon amertume, tant les raisons d’un ras-le-bol s’amoncèlent chaque jour dans ma boite de déception. Fondamentalement, je suis déçu.

    Déçu de voir des êtres humains se transformer en bêtes politiques, à commencer par Sassou , qui, il faut le dire, est à l’origine de tout ce qui se passe ou de tout ce qui ne se passe pas. Il est vrai que c’est trop lui accorder d’importance, en le considérant ainsi, comme un «Dieu», mais force est de constater, qu’en fin de compte, un homme à lui seul peut bel et bien pourrir la vie de plusieurs. L’histoire de l’Humanité en regorge. Mais ce qui est le plus décevant, comme avec tous les personnages du genre de Dénis Sassou Nguesso, c’est qu’on l’a regardé faire, et il ne s’en est pas privé. Il fait ce que bon lui semble. Il distribue de l’argent de gauche à droite, sans qu’on lui demande de rendre des comptes. Il nomme, gomme et dégomme qui il veut sans que l’on se pose des questions. Il manie et remanie le gouvernement comme un jouet et on est là, à le regarder faire. Tout le monde est à genou devant lui. Mais, au nom de quoi ou de qui ? Quand les êtres humains prennent pour «Dieu» un autre être humain, tôt ou tard, ils s’en mordront les doigts.

    Déçu de voir des êtres humains se transformer en bêtes tout court, quand pour quelques Euros, on se laisse entasser comme des sardines dans des cars pour aller  applaudir le satrape d’Oyo à Orly. Par une manifestation de l’inconscient,  certains congolais de la diaspora sont poussés par le premier  but de l’être humain : la survie. Même en terre étrangère. Dans leurs fantasmes, en s’attirant la sympathie du dictateur, les oppressés se croient hors du danger, croyant contrôler, même inconsciemment, les émotions du dictateur. On gagne par cette même occasion le passeport d’aller dans son propre pays sans être inquiété. Ce qui  leur vaudra peut-être l’épargne de leur  vie au profit d’une pacification pouvant être poussée à une fraternisation. En réalité, c’est de l’angoisse que ces Congolais se protègent, car le danger est toujours réel.


    Déçu de voir des êtres humains, confisquer et emprisonner la vérité dans leur camp, croyant et disant que dans l’autre camp, il n’y a que mensonges et errements. Tous les historiens reconnaîtront que toutes les dictatures sont nées de cette seule prétention de détenir la vérité à l’exclusion de tout le monde, et de vouloir commander en son nom. Le gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple, est une véritable arnaque  au Congo, quand un pouvoir s’applique à plonger ce peuple dans l’errance, dans l’obscurantisme, dans la servitude, dans l’aliénation.


    Déçu de voir des individus jouer avec le feu, alors que cela n’en valait pas la peine. Quand on fait dans la provocation, une bévue est très vite commise.  Comment dans ce pays peut-on à plusieurs reprises laisser des individus en pick-up se pavaner et intimider des citoyens, en toute impunité ? Quand on joue avec le feu !


    Déçu de voir tout un peuple se laisser emprisonner dans des bavardages futiles et inutiles qui ne tournent qu’autour des fastes du clan d’Oyo, des  « mabangas » dans les zaïroiseries. Comme le disait un sage de chez nous, ces personnes que vous adulez, ne vous sont d’aucune utilité et ne vous sont jamais venues en aide pour quoi que ce soit. Alors pourquoi perdre son temps pour elles ?


    Déçu de voir qu’un peuple, au passé glorieux, qui a su vaillamment relever les grands défis qui s’imposaient à lui, soit  assujetti au rôle marginal que lui impose un pouvoir minoritaire, sans réelle légitimité. Pourquoi ne pas exhumer la ferveur  des journées  insurrectionnelles du 13-14-15 Août 1963 qui entrainèrent la chute deYoulou ?  Et ne l’oublions pas, l’avènement de la CNS n’était pas une sinécure,  car,  rien n’était gagné d’avance.  Il a fallu se battre sur tous les plans et l’apport de la diaspora congolaise de France dans le succès de ces assises était déterminant. Nous avons tous en mémoire celle de l’ex-Zaïre, phagocytée par les manœuvres dilatoires de Mobutu. Après 12 mois de tergiversations, elle n’avait accouché que d’une …souris.

    Que s’est -il passé entre-temps pour que nulle clameur ne vienne dissuader les chantres du « Chemin d’avenir » qui rivalisent désormais d’imagination dans la manipulation et dans  la corruption ?

    Cet ensemble de signes cliniques liés au syndrome de Stockholm  ne sont pas l’apanage de la diaspora congolaise en France;  le foyer de propagation reste le Congo. Cependant, avec l’émergence d’un nouveau type de congolais qui réclame plus de considération et de respect ; plus personne n’acceptera que ses libertés individuelle soient grugées au profit du clan au pouvoir et de la bureaucratie gouvernementale. C’est le peuple qui donne le pouvoir et cela, les Congolais  l’ont compris.

     

    C’est de notoriété publique, un syndrome peut en cacher un autre. Pour l’instant, la grande priorité reste sans nul doute, la réduction des injustices entre le clan au pouvoir et le reste de la population; ceci en  sonnant le glas du tribalisme maladif de Sassou, au risque de voir arriver un autre syndrome plus nocif. Rwandais, celui-là.

     

    Djess Dia Moungouansi   « La plume du Congo-Libre »

     

    Vice-Président du Cercle de Réflexion La Rupture

     

    Le Blog de Djess :

    http://demainlecongo.kazeo.com

     

    1. Ce syndrome explique l’apparente empathie qu’éprouvent certains compatriotes de la diaspora en France envers celui qui est à l’origine de leur exil. L’Otage qui défend son geôlier. 

     

      


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