• L’OYOCRATIE  OU  LE  FESTIVAL  DES  HYENES.

    Il faut l’admettre, le Congo  est devenu  un pays où les sujets les plus sérieux font l’objet de galéjades dans les salons feutrés, les salles de rédaction, mais également hélas, à travers certaines déclarations gouvernementales. Le salmigondis gouvernemental sur  le  drame du 4 mars 2012 nous a suffisamment édifiés sur cette légèreté ambiante, presque maladive. Par conséquent, conjurer l’estocade que Sassou et son clan entendent porter sur les pans entiers de l’économie congolaise ;  suppose que l’on se fasse violence  en bravant la  paresse intellectuelle pour ce qui est du cognitif et la résignation pour ce qui relève du combat sur le terrain, sous  toutes ses formes. C’est peu dire que la pérennité  de l’idée noble  de la   construction d’une   nation congolaise, devient de plus en plus   tributaire de notre capacité  à  résoudre les contradictions majeures qui s’imposent obstinément à nous.

     Comble d’effronterie ! Depuis un certain temps, les paradis fiscaux  et  les milliers de comptes bancaires disséminés à travers le monde ne suffisent plus pour planquer l’argent volé par le clan Sassou au peuple congolais. Persécutées dans les démocraties occidentales,  les hyènes  du «  Chemin d’avenir  » rivalisent d’impudence ; et mues par une cacochyme  imagination, elles se mettent à   thésauriser leurs magots dans des tombes.

    Au Congo, le festival des hyènes fait rage. La probité morale est mise en  congé ad vitam aeternam. Tous les secteurs d’activité économique y sont conviés. Les avocats ont tourné le dos à la veuve et à l’orphelin, et ne voient que le montant du chèque qu’on leur tend ; les journalistes sont devenus des adeptes de l’éloge panégyrique à l’endroit du monarque d’Oyo; les médecins ont depuis longtemps remisé leur serment d’Hippocrate pour l’appât du gain ; les hommes d’affaires, tous complices dans les affaires de détournement de deniers publics, ils se  bousculent nonchalamment  au portillon de la « municipalisation accélérée » ; les dirigeants syndicaux mus par des intérêts personnels ; les chefs de sectes ( l’opium du peule),  plus préoccupés des choses d’ici-bas que de l’au-delà ; les ONG ne sont que des officines de l’étranger.  La société civile, qui se pose en sentinelle de la Bonne Gouvernance, a un rôle crucial à jouer pour aider à fissurer ce mur de défiance en aidant  à séparer le bon grain de l’ivraie.

    Fondamentalement, c’est des béances inhérentes à un tel système que se nourrissent les prédateurs sans vergogne. Ils s’appliquent à dépecer la bête. Ils se servent et servent leurs proches avec frénésie, en entretenant un système de corruption, d’accaparement et de népotisme qui s’alimente  de l’Etat et exclut le grand nombre des honnêtes citoyens  des circuits de production et de distribution de la richesse nationale. Louant le Dieu Dénis, ces hyènes  dévorent à qui mieux mieux le cadavre Congo. Triés sur le volet, ces prédateurs appartiennent essentiellement  à deux catégories.

    - D’une part ;  ceux de l’espace de pouvoir. Il n’est pas superflu, sans doute, afin de mettre en exergue l’étendue des dégâts,  de  répertorier  les acteurs du clan familial (enfants,  neveux, cousins  déclarés et non déclarés du satrape d’Oyo). Tour à tour,  il y a le plus médiatique « Le Golden Boy »  Christel Sassou NGuesso, le Trader en chef de l’aval pétrolier,  l’homme par qui passent les 80 % des recettes d’exportation du Congo ! Claudia Lemboumba, qui alimente régulièrement la rubrique people des médias,  par sa personnalité immorale, authentique  muse des chanteurs zaïrois qu’elle paie au prix fort ; Willy NGuesso PDG de SOCOTRAM  qui a un salaire de  50 millions de FCFA /mois (75 000€/mois), soit trois fois plus que le PDG du FMI ( 27 000 €/mois) !;  Edgard NGuesso, l’inamovible Directeur du domaine Présidentiel à qui on associe l’achat de luxueuses demeures en France; Maurice N’GUESSO « Le patriarche », DG  de MNTV et ses luxueux appartements dans de beaux quartiers de Paris.  

     

    Les  « élus » de cet  espace arborent sans gêne,  les antivaleurs en bandoulière. Ils sont  les plus redoutables, car, ils sont le cancer  qui empoisonne l’avenir et le développement du Congo. Leur voracité n’a d’égale que le mépris qu’ils ont  à l’égard du peuple congolais. Désormais, la patience et la générosité légendaires de notre peuple sont mises à rude épreuve. Ils collectionnent des scandales de toute nature, sur le dos d’une population  qui croupit à plus de 70 % dans le dénuement total.    Huit millions  d’Euros ( 5, 2 Milliards de FCFA) en espèce retrouvés récemment  dans un  hôtel particulier  à Neuilly chez l’ une des filles de Sassou  NGuesso, Julienne dite Juju,  épouse du Franco-Togolais Guy Johnson. Il y a peu de temps, l’énorme magot présidentiel se serait envolé, dérobé, volé. Près de 240 milliards de Francs CFA, environ 500 millions de dollars !

     

    - D’autre part; ceux de l’espace politique,  occupé essentiellement par le PCT et ses partis satellites (MCDDI, RDD,  CLUB 2000 etc..). En bonne place, l’éternel ministre Henri DJOMBO, surnommé « Le parrain », par sa capacité à détruire la forêt congolaise, à son seul profit ; Gilbert Odongo, ministre du Finances dont son épouse fut arrêtée à Roissy le 1er octobre 2011 avec des malles contenant la bagatelle somme de 50 milliards de Fcfa ;  Okombi Salissa et Oscar Otoka  qui ont réussi l’exploit de se faire voler, l’un et l’autre  près de 1 Milliard de Fcfa dans leur village respectif. Le plus grand livre du monde, «  Le meilleur de la pensée universelle »(1) n’est pas suffisamment volumineux pour contenir les  frasques  des uns et des autres.

     

    Une telle ambiance aboutit à tout le moins à une curieuse atmosphère. Les citoyens sont démobilisés et incités à l’apathie politique ou éventuellement mobilisés suivant les canaux exclusifs et contraignants qui les condamnent à la médiocrité. Et comme un vol de feuilles mortes, tributaire de la puissance du vent, l’avenir du Congo est intimement lié aux caprices d’un seul homme: Sassou.

     

    Des pays moins nantis,  qui avaient le même niveau de développement que le nôtre à l’époque des indépendances,  sont aujourd’hui des pays émergents et  nous dament  le pion  au passage. Ils ont eu le courage, la vision de rompre les consensus et les pactes  politiques et sociaux profondément incapacitants, improductifs et rétrogrades. Le système qui a pignon sur rue au Congo, exacerbe  « le paradoxe Congolais » : un peuple qui végète dans les affres de la pauvreté et du sous-développement, alors que le pays devient de plus en plus riche avec un budget de plus de 4000 milliards de Fcfa cette année.

     

    Disons-le sans circonlocutions : Sassou veut faire de notre pays un véritable far West oyocratique, en bonne et due forme. Une géante marionnette dont il serait le seul à actionner les  ficelles décisionnelles. Seuls, ceux qui ont leur  cordon ombilical enterré au voisinage  des deux rives de l’Alima, continueront à tirer leur épingle du jeu. Non satisfait d’animer déjà les réunions avec le haut commandement militaire en langue mbochie, Sassou pousse très loin le bouchon tribaliste.  La  «  prime à la médiocrité » sur fonds de tribalisme, est devenue la norme et la promotion de la vertu et de la compétence,  renvoyée aux calendes grecques.

     

    Les mauvaises  habitudes ont la vie dure. Le « ledza lenua », véritable institution de la médiocrité,  inhibe les esprits animaux (2).  De même,   une société qui veut aller de l’avant doit entreprendre des actions, peut-être déchirantes, qui lui permettront de jouer le  rôle qu’elle doit jouer, afin que le progrès social ne soit plus une simple vue d’esprit, exclusivement réservé aux hyènes du «  Chemin d’avenir », mais aussi pour les laisser-pour- compte qui attendent une hypothétique amélioration de leur existence.

     

    L’effritement du tissu social est à la base de la perte des valeurs qui inexorablement conduisent les congolais vers un matérialisme frénétique dans la recherche du bien-être. Ceux qui s’enivrent des abondantes recettes pétrolières sont malheureusement incapables de créer de la richesse, seule l’opulence reste leur seul programme de société.
     

    Certes, le paquebot Congo flotte toujours, malgré les décennies de houle sociale, et cette pérennité plaide pour qu’on prenne la pleine mesure des antagonistes qui courent au sein de la société congolaise. Ce qui mettrait un coup d’arrêt définitif à trois décennies de gabegie  afin que, le Congo pays de cocagne ne se transforme pas en géhenne.

     

    Le 18 avril 1980, le président de la Tanzanie, Julius Nyerere, s’adressant au   dictateur Robert Mugabe avait dit: «Vous héritez d'un bijou, prenez-en bien soin!». Il est temps que le peuple congolais à l’unisson dise à Sassou et à son clan « Vous avez suffisamment abîmé ce bijou, remettez-le aux vrais patriotes; syndrome de Stockholm aidant, il se pourrait que le peuple congolais vous pardonne  une fois de plus, de  l’avoir plongé dans la misère alors que le pays s’enrichit scandaleusement ». Nous sommes les seuls maîtres de notre destin, battons le macadam, élevons la voix, parlons haut ! Nous ne pouvons pas, nous ne devons pas rester passifs.

     

    Djess Dia Moungouansi    «  La plume du Congo-libre »

    Vice-Président du Cercle de Réflexion « LA RUPTURE »

     

    1. Ce livre record  de 3,50 m de long et pèse 250 kg exposé à Cuba en 2012 compile  les aphorismes et pensées de quelques  2.000 personnes célèbres, de Confucius et Shakespeare à Gandhi et Mère Teresa
    2.  
    3.  Keynes pour décrire les sentiments et les émotions humaines qui influencent le comportement des agents économiques (consommateurs, investisseurs, producteurs, etc.)

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